La mascarade imprègne ce quinquennat bâti sur la communication, c’est-à-dire les signes, les symboles, le verbe.
«An I, pourquoi Macron se trompe de route»
Par Ivan Rioufol
CHRONIQUE – La mascarade imprègne ce quinquennat bâti sur la communication, c’est-à-dire les signes, les symboles, le verbe.
Au fait, des nouvelles de François Fillon? La justice, si pressée de l’abattre dans les trois derniers mois de la présidentielle, a repris son pas lent. L’assassinat politique du favori de la droite, à qui la victoire tendait les bras, a été mené avec un tel professionnalisme que l’affaire est entendue sans avoir été jugée: ci-gît l’homme coupable, évidemment coupable. Ces jours-ci, des hagiographes d’Emmanuel Macron rehaussent, à l’occasion de l’an I de son élection (7 mai 2017), la marche de l’homme seul qui décroche l’Élysée à la hussarde. «Je suis le fruit d’une brutalité de l’histoire, d’une effraction», s’amuse d’ailleurs le chef de l’État. Son exploit doit, pour sûr, à ses qualités de tacticien propulsé par une solide base arrière. Mais il reste un cadavre dans le placard. Et Macron a profité du crime. L’exécution a été conduite grâce à une collaboration opportune entre la presse de gauche et le Parquet national financier, sous tutelle du pouvoir exécutif. Un coup d’État légal, en somme.
Or depuis, Macron dirige la France à rebours de l’histoire qui s’écrit. Son narcissisme semble l’avoir convaincu de n’écouter que lui. Quand il déclare à Jean-Pierre Pernaut: «Je sais où je veux emmener le pays», il montre un autoritarisme qui l’éloigne d’une société en colère contre les erreurs des puissants. Quand il dit à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel: «Je crois dans une Europe souveraine», il affirme un choix postnational qui se heurte à la renaissance des nations. Rien d’étonnant de l’entendre dire, à propos du hongrois Viktor Orban, chef de file des souverainistes, qu’il «ne partage rien de ses valeurs». Quand le président parle de la France, c’est pour rappeler ses crimes coloniaux ou esclavagistes, déplorer ses échecs dans les cités, ou s’inquiéter, devant des étudiants américains, de «l’ancien antisémitisme français […] qui reprend de l’ampleur». L’explosion des nouvelles «passions antijuives» (1), portées par des musulmans, n’a pourtant rien d’un phénomène franco-français…
Cette autoflagellation, entretenue par Macron, ne peut qu’aggraver la démoralisation nationale, ce mal dont la France doit s’extraire. La bien-pensance humanitariste habite le chef de l’État. Cette pensée facile voit des racistes et des xénophobes chez ceux qui constatent le lien entre l’immigration de masse et l’insécurité culturelle. Or ces bons apôtres n’ont rien à dire quand des mouvements noirs «antiracistes» appellent ce week-end, à Saint-Denis, à une conférence internationale destinée aux «non-Blancs». Parmi les thèmes: «Quelles alliances avec la gauche blanche?» Pour le 1er Mai, un «cortège antiraciste non-mixte racisée» (sic) appelait à défiler contre le «blantriarcat». «Je ne céderai pas à la tyrannie des minorités», a promis le chef de l’État. Mais cette posture est un leurre: pour la Macronie, les Français vont avoir à s’habituer aux nouveaux venus, et non l’inverse.
L’enterrement politique de Fillon, trop vieille France pour ses sicaires , n’a pas été celui d’un «ancien monde», en dépit de ce que dit Macron. Cette France oubliée est en pleine ébullition. Elle n’entend pas disparaître sous les pelletées de mépris jetées par des technocrates parlant globish, sous les protections de Jacques Attali, Alain Minc et Daniel Cohn-Bendit, parrains décatis de Jupiter. La prétention du président à incarner la «transformation» du pays, voire de l’Europe et même des États-Unis, dit son insatiable ambition. Cependant, si le président se retourne, que voit-il? Des concitoyens perplexes devant l’hypnotiseur ; une Allemagne tourmentée qui prend ses distances ; une Italie qui tourne le dos. Quant à Donald Trump, que le président assure pouvoir influencer en évitant la rupture avec l’Iran, il prend une envergure internationale qui laisse loin derrière son prétendu mentor. Le rapprochement de Trump avec la Corée du Nord lui vole déjà la vedette.
Libéralisme de façade
Reste l’énergie insolente du jeune président et la sympathie que dégage son épouse. Les images du couple redonnent de la fraîcheur à la politique. Les mots vaches qu’envoie, ces jours-ci, François Hollande à son successeur sont ceux d’un homme qui ne sut jamais bien jouer au président. Pour autant, la mascarade imprègne ce quinquennat bâti sur la communication, c’est-à-dire les signes, les symboles, le verbe. «Je vais toujours au conflit», assure le président impétueux. L’opinion lui sait gré de ne pas reculer devant les syndicats de cheminots en grève. Mais il ne faudrait pas que le gouvernement, par les concessions qu’il négocie, décourage demain les sociétés privées du ferroviaire par un cahier des charges trop contraignant. Derrière les mots tranchés, la main tremble. Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, qui menacent d’en découdre, n’ont été que très partiellement évacués. Mardi, le pouvoir a montré sa pusillanimité en laissant des casseurs d’extrême gauche mettre à sac le quartier d’Austerlitz, à Paris.
Le culte de l’État retarde une authentique politique libérale, reconnaissable à la baisse des impôts et des dépenses publiques
Le magazine économique américain Forbes promeut Macron à sa une et le présente comme «le leader des marchés libres». Le chef de l’État y annonce sa décision de supprimer l’«exit tax», instituée par Nicolas Sarkozy pour limiter le départ des investisseurs. Les entrepreneurs fortunés peuvent dire merci au chef de l’État, au contraire des petits retraités ponctionnés. Toutefois, il est inexact de voir un libéralisme thatchérien dans sa politique. La baisse des impôts sur les fortunes et les sociétés n’a pas empêché la dépense publique d’augmenter de 2,5 % en 2017. Le désendettement de l’État n’est pas amorcé. Au contraire, le premier ministre a prévenu que la dette de la SNCF, qui avoisine les 50 milliards d’euros, serait reprise par les contribuables. Le projet imprécis de service national universel, conçu pour durer un mois, est un gadget évalué à 3 milliards d’euros par an. Le culte de l’État retarde une authentique politique libérale, reconnaissable à la baisse des impôts et des dépenses publiques.
Borloo, pensée fausse
Illustration d’une pensée fausse très «macronienne»: Jean-Louis Borloo et son plan Banlieue. Il consiste à verser toujours plus d’argent sur les cités pour acheter la paix sociale. Nulle part ne sont évoqués dans son rapport le séparatisme culturel désiré, le refus de vivre ensemble, l’islamisation qui crève les yeux. Il se dit néanmoins que Macron ne serait pas chaud pour arroser le sable. Le président sortirait-il enfin du radotage progressiste?
Ivan Rioufol
(1) Pierre-André Taguieff, «Judéophobie, la dernière vague», Fayard
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Ivan Rioufol pour Le Figaro
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Je comprends pourquoi les chinois sont arrivés là ou ils sont , c’est dans l’application et le respect .Slogan de Mao : “Faites la révolution , pas la production” ; slogan de Deng X :” Faites la production ,pas la révolution ” . []
J’aime beaucoup la prose de Rioufol mais franchement qu’il nous oublie avec Fillon, le fossoyeur de la droite…
Macron est un socialiste et en conséquence il ne sait pas où il va mais nous en attendant on raque.
Excellent sujet dont il il faut comprendre la bêtise de l’an I, mais voilà, il y a, 6 réformes qui pourraient embraser l’an II de la présidence Macron
Emmanuel Macron est au pouvoir depuis un an. Ses ambitions pour les douze prochains mois devraient de nouveau enflammer le débat public… et la rue.
1 Réforme de la justice
2 Réforme constitutionnelle
3 Unification des systèmes de retraites
4 Plan de départs dans la fonction publique
5 PMA, GPA, fin de vie… l’explosive future loi bioéthique
6 Prélèvement à la source
Manque de pot la france se meurt et l’obstination d’un président qui ne sert pas, mais pas du tout les français et la France le chef de l’Etat n’entend montrer aucun signe d’inflexion sur la politique engagée dès son élection : code du travail, assurance-chômage, retraites, Armée, immigration, sécurité etc…
L’art de la guerre d’après Sun Tsu de Sun Tzu
“Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes , nous ne devons jamais perdre de vue : la doctrine , le temps , l’espace , le commandement , la discipline .”