Bien qu’affaibli, François Hollande n’a pas l’intention de s’expliquer et reste fidèle à son calendrier concernant ses intentions.

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Hollande, le “spectre de l’Élysée”

Par Solenn de Royer

Fragilisé par le livre de confidences, cerné par ses ennemis, le président est de plus en plus isolé, même s’il reste persuadé d’être le meilleur pour 2017.
Quand on entre au Palais de l’Élysée par le 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, la loge des gendarmes se trouve immédiatement à gauche, juste après le portique de sécurité. Comme dans tout bâtiment officiel, le portrait du président de la République y a été accroché. Une photo troublante, quand on prend le temps de s’y attarder… Sous l’objectif de Raymond Depardon, François Hollande a choisi de poser tout au fond du parc de l’Élysée. Lieu d’incarnation du pouvoir, le palais se trouve loin, très loin derrière, surexposé et presque flou. Le chef de l’État, lui, est plongé dans l’ombre. Les bras ballants. «Pour le premier acte de représentation de soi, que fait le président élu?, observe un ministre. Il se met au fond du jardin… dans l’ombre! Il signifie qu’il n’a pas envie d’être en pleine lumière, pas envie d’entrer dans la “prison”. Ça en dit long sur son rapport au pouvoir!… Déjà, il se met à distance, il n’incarne pas.»
Ce défaut d’incarnation est précisément ce qui est reproché à Hollande, notamment depuis la publication d’«Un président ne devrait pas dire ça…», dont les effets – calamiteux – tardent à se dissiper au sein de la majorité. «On a un problème d’incarnation. Il y a une distance (…) entre le président et les Français», a ainsi accusé la semaine dernière le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, lors de la dernière réunion des députés PS. «Le pays a besoin d’incarnation», a enchaîné deux jours plus tard Manuel Valls, dans un Falcon entre Paris et la Gironde.

«Hollande dit qu’il est le spectre de l’Élysée, de Gaulle disait: “L’État, c’est moi.” Voilà»
Luc Carvounas, sénateur PS

Président désincarné, évanescent, président fantôme? «Je suis le spectre de l’Élysée», s’est lui-même défini Hollande devant les deux journalistes du Monde, en leur faisant visiter le palais. Un bon mot qui sidère les socialistes: «Je me perds en conjectures, soupire un haut responsable PS. Un spectre, c’est quelqu’un qui ne devrait pas être là ou qui est déjà mort.» Même le New York Times, à la veille de la fête des morts, s’étonnait lundi de cette vie politique française d’outre-tombe et rangeait Hollande dans la catégorie de ceux qui continuent d’«apparaître», au gré des discours, déplacements ou inaugurations, alors qu’ils sont «déjà morts». «Hollande dit qu’il est le spectre de l’Élysée, de Gaulle disait: “L’État, c’est moi.” Voilà», résume le sénateur PS Luc Carvounas.
Fantomatique, Hollande l’est en tout cas dans l’opinion, alors que plus de 80 % des Français ne lui font plus confiance, selon une enquête Harris Interactive publiée lundi, dans laquelle il perd 11 points auprès des proches du PS (52 %). Terrorisés à l’idée d’être balayés aux législatives de juin, les députés PS qui labourent leurs circonscriptions observent que leurs administrés semblent avoir déjà tourné la page, zappé. «Contrairement à ce qu’ils disent à Paris, tout le monde me parle du livre, soutient un député PS. Ça fragilise terriblement l’image du président. Il ne suscite ni haine, ni violence. Pas même le mépris. Mais de la commisération. On me dit: “Ah, il est bien seul, il n’a pas tenu psychologiquement, il a eu besoin de se confier…” Ses proches parlent de complot, de putsch, de traîtres… Mais c’est lui qui s’est autodétruit.»
Lâché par l’opinion, le président l’est aussi par de nombreux ténors du PS. Vexé par ces confidences dont il est une cible, Bartolone a tourné casaque. Obsédé par l’après-2017, Valls, qui a noté l’immense désarroi des troupes socialistes, a choisi de se démarquer, pour ne pas couler. Certains grands élus livrent, eux aussi, leur trouble, parfois avec violence ou cruauté. «Celui qui s’exprime régulièrement là-dessus (le chômage, NDLR) depuis cinq ans devrait la fermer!», a ainsi tonné samedi en Gironde le président PS de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, lors d’une réunion militante ; avant de rétropédaler mardi soir.

«Hollande restera pour moi un mystère jusqu’au bout»
Un conseiller

Même certains hollandais historiques se sont mis à douter. «Que voulez-vous que je vous dise, il n’intéresse plus personne…», soupirait l’un d’eux dans un sourire contrit, en expliquant pourquoi le discours présidentiel sur François Mitterrand, le 26 octobre, avait eu si peu d’écho. «Hollande est seul comme Narcisse, résume sévèrement un ministre. Il a construit sa solitude pour ne voir que lui dans la flaque et s’y noyer.»
Finalement, ce vieux palais militaire austère, dans lequel le président avait refusé d’entrer pour ce portrait officiel, reste son ultime rempart. «Sa force est institutionnelle», note l’un des derniers fidèles, Julien Dray. Un palais qui s’est vidé, ces derniers mois: une douzaine de conseillers l’ont quitté. Dont l’une de ses plus proches conseillères, Isabelle Sima, sa précieuse chef de cabinet depuis 2012. Son adjoint, Christophe Pierrel, l’a suivi. «On a fait un bus», rigole l’un des «ex», soulagé d’être parti. Même la conseillère pour le sport, Nathalie Ianetta, dont l’ascension au sein du dispositif avait été fulgurante, est partie pour l’UEFA.
Ces départs ont été remplacés. Mais à l’instar des cadres du PS, les conseillers du palais ont été «secoués» par la publication du livre, qui alimente toujours les conversations à la «popote», la cantine de l’Élysée. «Hollande restera pour moi un mystère jusqu’au bout», confie un conseiller. Le départ du gouvernement d’Emmanuel Macron, un «ancien de la maison», et ses menaces de concourir en 2017 ont été un premier choc pour le moral des troupes.
Dans cette ambiance morose, une poignée d’irréductibles restent plus mobilisés que jamais. Nicolas Sarkozy avait sa «firme», Hollande a son «dernier carré». Première victime de ses propres confidences à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, point de départ de «l’affaire Fillon-Jouyet», le secrétaire général Jean-Pierre Jouyet restera auprès de «François» jusqu’à la fin. «C’est le doudou du président», note un proche du palais. Le conseiller politique Vincent Feltesse, qui vient de perdre la présidence du groupe PS à la mairie de Bordeaux, a été chargé par le chef de l’État de l’organisation de la précampagne. Quant au conseiller communication, Gaspard Gantzer, il continue de défendre bec et ongles son patron, sans ciller.

«Tu dois t’expliquer devant les Français, reprendre pied»
Un visiteur du soir

Loyaux, ceux-là – qui partagent désormais la plupart des déjeuners du président – assurent que «rien n’est perdu». Avec le départ de Sima et Pierrel, qui se targuaient d’être les plus «politiques» du cabinet, ce dernier carré a désormais les coudées franches. «Les tensions entre ces deux clans, qui n’avaient pas les mêmes vues, étaient nombreuses», reconnaît un proche de l’Élysée, qui regrette que «l’esprit critique» soit absent du palais.
La semaine dernière, alors que Bartolone et Valls lançaient l’offensive et que la majorité plongeait, ces fidèles serviteurs, assistés par une poignée de jeunes élus chargés de porter dans les médias la parole présidentielle, ont fait valoir que le chef de l’État venait de passer sa «meilleure semaine du quinquennat»: bons chiffres du chômage, offensive sur Mossoul et démantèlement «réussi» de la «jungle» de Calais… «Ils sont dans une bulle, ils ne voient pas que l’Élysée est un astre mort», commente un proche de Macron.
Hollande, lui, reste égal à lui-même.«Inaltérable», résume un conseiller. Invité à déjeuner samedi à Angers chez le député PS Luc Belot, le chef de l’État a tout de même reconnu, devant les douze convives attablés devant un hachis parmentier maison, que «la vie politique»était «parfois cruelle». Mais il ne s’apitoie pas et fait le dos rond. «Il se dit aussi que le bazar et le pourrissement finiront par lui être bénéfiques, analyse un ex-conseiller de l’exécutif. À ce jeu-là, il est le meilleur. Il n’est jamais aussi bon que dans une situation floue.»
En attendant, il reçoit, consulte. Dans son bureau, au premier étage du palais, où le seul bruit régulier provient des minutes égrenées par une horloge dorée, certains visiteurs se font pressants: «Tu devrais renoncer», lui a conseillé l’un d’eux. Ségolène Royal, qui ne se fait guère d’illusions sur les chances de victoire en 2017, si l’on en croit ses proches, lui a demandé s’il était bien «sûr» de pouvoir gagner la primaire. «Tu dois t’expliquer devant les Français, reprendre pied», lui a conseillé un autre visiteur du soir. En quittant le palais, ce dernier a pensé que, décidément, François Hollande n’avait pas changé: «Je ne l’ai jamais vu s’inquiéter de grand-chose. Il a une capacité phénoménale à donner le change.»
Affaibli et cerné, le chef de l’État n’a pas l’intention pour le moment de s’expliquer à la radio ou à la télévision et reste fidèle à son calendrier: il dévoilera ses intentions entre le 1er et le 15 décembre. Reste cinq semaines décisives, les plus longues du quinquennat pour lui et son dernier carré, alors que le sol se dérobe sous leurs pieds. «Quand il sera candidat, les complots, les velléités de Valls de se présenter, tout tombera», se rassure un fidèle. Il faut donc tenir.

« La sphère parisienne est contre lui mais il gagnera en s’appuyant sur les territoires, en faisant de la proximité et de la communication directe. Ce sera une victoire contre l’establishement»
Un proche de Hollande

Percutée de plein fouet par la publication du livre, sa stratégie de précampagne a pris du retard. L’appel des élus en sa faveur a été repoussé à des jours meilleurs. Et son discours «Wagram II» visant le projet «ultralibéral» d’Alain Juppé – dont le président est désormais quasi certain qu’il gagnera la primaire – a été décalé à fin novembre, après les commémorations des attentats du 13.
Mais Hollande a décidé d’accélérer ses déplacements de terrain, pour tenter de renouer le lien. Après Lens mardi, il sera en Normandie jeudi, où il multipliera les étapes (deux départements, quatre villes) puis à La Rochelle, le mardi suivant. Il en profitera pour donner des entretiens à la presse locale. Il va également multiplier les déplacements hors caméras. «Ce sera un mélange de présidentialité et d’hyperproximité», théorise l’un de ses stratèges. «Il est en position de challenger», reconnaît un proche, qui explique que la référence qui prévaut désormais est la «campagne Chirac 1994». «La sphère parisienne est contre lui mais il gagnera en s’appuyant sur les territoires, en faisant de la proximité et de la communication directe, se persuade un fidèle. Ce sera une victoire contre l’establishement.»
Les deux présidents de groupe PS à l’Assemblée et au Sénat, Bruno Le Roux et Didier Guillaume, ont insisté pour que le chef de l’État rencontre les parlementaires, en plein doute. À ce scénario, Hollande préfère multiplier les petits groupes, notamment en marge de ses déplacements, ce qu’il a fait mardi à Lens. Mercredi, il recevra les parlementaires de Loire-Atlantique à l’Élysée. Ces derniers jours, il a également rencontré les ministres qui «roulent» encore pour lui: Stéphane Le Foll, Bernard Cazeneuve, Najat Vallaud-Belkacem (possible directrice de campagne), Marisol Touraine ou encore Audrey Azoulay (que certains imaginent déjà porte-parole d’une future campagne). «Il fait un travail de couture dont il ne faut pas sous-estimer l’efficacité», vante un conseiller.
En dépit de son extrême faiblesse politique, Hollande continue à croire en sa «bonne étoile», même si ce mythe fondateur du hollandisme apparaît aujourd’hui totalement galvaudé, et reste déterminé à se présenter. «Il croit toujours qu’il est le meilleur», s’étonne un ministre, pour qui le livre a eu au moins cette vertu: «On a compris qu’il n’aimait personne, qu’il ne comptait que sur lui-même.»«Il aura été le président le plus villependé par son propre camp, défend le député PS Gilles Savary. Il ne veut pas laisser la place à ceux dont il estime qu’ils l’ont trahi, ne pas offrir à ses bourreaux l’opportunité de lui survivre.»
Le président ne nie pas les «difficultés» mais assure qu’il a «confiance dans la campagne». «La primaire rabaisse la fonction mais je ne vois pas comment je peux m’en exonérer, a-t-il confié à des visiteurs la semaine dernière. Pour cela, il aurait fallu que ma candidature s’impose.» Avant d’ajouter: «Il faut combattre l’idée que ce serait perdu d’avance, rien n’est joué.» Le député frondeur Christian Paul met en garde: «Ça peut encore s’effondrer comme un palais vénitien dans la lagune.»

solenn-de-royerSolenn de Royer

Grand reporter au service politique du Figaro.
Chargée du suivi de l’Elysée.

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Image de couverture  – Crédits photo : ALLARD-POOL/SIPA

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7 thoughts on “Hollande, le “spectre de l’Élysée””
  1. Sur le site de Revolte exprimetoi, j’ai trouvé un article qui dit clairement avec à l’appui des lois, qui indiquent très clairement que : Hollande en 2012 était inéligible!
    “”””””””””””””””””””””
    Loi n° 62-1292 du 6 novembre 1962 relative à l’élection du Président de la République au suffrage universel :
    Aux termes du quatrième alinéa du I de l’article 3 de la loi n° 62-1292 du 6 novembre 1962 relative à l’élection du Président de la République au suffrage universel :
    « Le Conseil constitutionnel doit s’assurer du consentement des personnes présentées qui, à peine de nullité de leur candidature, doivent lui remettre, sous pli scellé, une déclaration de leur situation patrimoniale conforme aux dispositions de l’article L.O. 135-1 du code électoral et l’engagement, en cas d’élection, de déposer deux mois au plus tôt et un mois au plus tard avant l’expiration du mandat ou, en cas de démission, dans un délai d’un mois après celle-ci, une nouvelle déclaration conforme à ces dispositions qui sera publiée au Journal officiel de la République française dans les huit jours de son dépôt » .
    Que dit l’ Article L.O. 135-1 du code électoral :
    Chapitre III : Conditions d’éligibilité et inéligibilités
    “Dans les deux mois qui suivent son entrée en fonction, le député [NDLR : en l’occurrence “le Président”] est tenu de déposer auprès de la Commission pour la transparence financière de la vie politique une déclaration certifiée sur l’honneur exacte et sincère de sa situation patrimoniale concernant notamment la totalité de ses biens propres ainsi que,(…)”
    Le vide sidérant :
    Il est étonnant que ni le Conseil constitutionnel ni la Commission pour la transparence financière de la vie politique ne semblent avoir relevé ce grave manquement à la Constitution pourtant de nature à invalider la candidature et l’élection de François Hollande !

    Publiée au Journal Officiel JORF n°0110 du 11 mai 2012 page 9000 , la déclaration de situation patrimoniale de François Hollande n’a pas été certifiée “sur l’honneur, exacte et sincère” ! Et pour cause ! me direz-vous …

    Par acquis de conscience, j’ai comparé avec celle de Nicolas Sarkozy
    “”””””””
    Effectivement lorsque l’on compare les deux déclarations, l’une, celle de Sarkozy est une déclaration écrite qui certifie sur l’honneur l’exactitude et la sincérité des présentes déclarations…
    Quant à l’autre, celle de Hollande : il n’y a aucune mention de certification sur l’honneur ou autre!!!
    Autrement dit, faux et usage de faux qui rend sa candidature nulle…!

    Nous avons au sommet de l’Etat Français un imposteur déclaré par sa déclaration qui, d’après la loi est normalement nulle…!
    Bien à vous

  2. Après la demande de destitution du Président Hollande formulé par les Républicains, mais qui a peu de chances d’aboutir, d’après l’Express…

    Voici la lettre d’un jeune qui était convaincu qu’Hollande serait le meilleur Président…
    Elle vaut le coup de la lecture, car, qu’on est été pour Hollande ou pas, ce jeune assène des vérités qui font plaisir à lire, dans le sens où on s’aperçoit que des gens qui étaient pour lui, sont déçus et lui disent ses 4 vérités…!!!!
    Voici sa lettre à François Hollande!

    “”””””””””””””””””””
    Bertrand, citoyen français de 29 ans, avait d’immenses espoirs en l’alternance après la victoire du candidat socialiste en 2012. Aujourd’hui, désillusionné et sans idéal politique, il adresse une lettre ouverte au président de la République.

    Cher François, je suis un jeune normal. Pas un normalien, non, juste normal. Je suis une bien modeste incarnation de ceux que tu prétendais vouloir représenter il y a cinq ans, un jeune qui a cru en la politique en 2012. En connais-tu encore, toi, des gens qui s’enthousiasment devant les primaires? A l’époque, la classe politique, en général, ne me donnait pas encore de boutons -je ne peux pas t’en imputer l’entière responsabilité, mais tu noteras que c’est toujours la même classe, de la même école, qui chahute.

    Je dois même t’avouer que tu m’avais convaincu de la nécessité d’avoir un président “normal” après l’hystérie des années précédentes, même si c’était aussi l’effet annoncé de l’alternance, une première après 17 ans de présidence de droite. En 2012, la presse louait ton art du consensus -tu lui consacrais déjà beaucoup de temps. Tu apparaissais déterminé à défendre tes convictions sur l’Europe, sur l’emploi, la croissance, le pouvoir d’achat, les petits salaires… J’avais bien noté que la sécurité n’était pas ton fort mais, heureusement, on ne t’avait pas élu pour ça.

    La plupart des jeunes n’ont plus d’idéal politique
    Je suis moi-même suffisamment normal pour écrire cette modeste lettre sans autre prétention que de t’informer sur l’état de tes jeunes troupes. Nous sommes peu nombreux en état de combattre, la plupart étant maintenant sans idéal politique, voire sans espérance pour des jours meilleurs. Alors, je ne te parlerai pas du chômage. Je risquerais de m’embourber dans ces histoires d’inversion de la courbe -je pourrais même finir par te croire quand tu répètes que “ça va mieux”. Je ne te demanderai pas non plus de comptes au sujet de la croissance, j’ai bien trop peur de ne pas comprendre tes rigoureuses théories économiques sur fond de crise mondiale et d’exigences bruxelloises.

    Je ne te parlerai pas non plus de l’Europe dont tu promettais une relance de la construction. L’Europe te remercie d’avoir inversé une tendance à l’austérité tellement marquée qu’elle vire maintenant aux nationalismes brutaux. J’aurais eu envie de te parler de politique étrangère -ce formidable outil qui a fait la force et le rayonnement de la France et dont nous étions, même sous Chirac, si fiers- mais ton prédécesseur et toi avez sabordé le bateau, d’abord en Libye, maintenant en Syrie où tu t’entêtes dans ta politique du ni-ni. Personne n’y gagne, et surement pas les Syriens.

    Le besoin d’un projet de société

    Bref, ce dont je voulais te parler François, c’est d’espoir. Une notion qui s’embarrasse mal de chiffres. L’espoir se sonde quotidiennement dans la rue, dans les transports, au comptoir d’un bistrot, chez l’épicier du coin, au bureau avec les collègues, dans la famille, avec les amis. Certes, le pouvoir isole, le Palais encore plus. Mais tout de même François, à ce point? Depuis combien de temps es-tu devenu aveugle à la rue? Les tensions permanentes, la méfiance généralisée, les services sociaux débordés, ta belle jeunesse diplômée sur la touche, la paupérisation croissante, les SDF toujours plus nombreux, l’abaissement généralisé des ambitions, des envies, des projets et, petit à petit, l’espoir d’une vie meilleure qui s’envole.

    L’espoir, c’était la seule chose que tu aurais pu insuffler aux gens! Une simple obligation de moyen, comme diraient les juristes. Du vent! Oui, du vent. Un foutu souffle, une franche énergie, une confiance lucide, un truc vigoureux qui nous fait rêver et qui nous projette dans une direction commune. Un projet de société qui nous redonne l’envie de vivre ensemble plutôt que l’envie de s’expatrier comme c’est le cas de 60% des jeunes.

    Dès le début, tu as préféré t’engager dans des objectifs chiffrés de comptable que tu n’as pas pu tenir, faisant fi de l’urgence sociétale à retisser du lien. Tu vas me dire que ça aurait été de l’inconscience de laisser filer les dépenses. L’inconscience, c’est d’avoir privilégié les exigences de Bruxelles au détriment d’un espoir en l’avenir. Mais, au fait, combien ça coûte un projet de société? Je ne sais pas, mais avec un peu d’audace et d’indépendance, on aurait surement pu rembourser en plusieurs fois.

    Court-circuiter les circuits politiques pour mieux agir
    La transition écologique aurait pu être ton projet. Nous faire manger mieux, aider nos agriculteurs à être moins dépendant des aides et mieux rémunérés pour leur travail, raccourcir les circuits de production, arrêter de faire venir tout et n’importe quoi depuis l’autre bout du monde. Je sais bien que c’est facile à dire, mais on n’y coupera pas: on a qu’une planète, les sociétés changent, les modèles de consommation aussi.

    Heureusement, tout n’est pas si noir. Entends-tu cette poussée populaire, fruit de la désillusion collective, qui manoeuvre pour trouver des solutions concrètes? As-tu remarqué que cette France-là, la France des engagés, des militants, des élus associatifs, cette France ambitieuse qui ne coûte presque rien au contribuable, court-circuite les circuits politiques pour mieux agir? A l’heure d’une telle crise de confiance envers la classe politique, un projet de société ne pourra qu’émerger au travers des initiatives qui essaiment à l’échelle des territoires et des quartiers. Les sociétés changent, les modèles de gouvernance aussi.

    Mais le pire, c’est que la plupart de tes potentiels successeurs, en plus de ne pas avoir compris l’urgence du chantier, n’ont pas non plus compris qu’ils ne pourront pas le mener. La primaire de la droite incarne l’anti-projet de société. Ils se retrouvent entre vieux copains, ils pinaillent à tort et à travers et l’espoir n’y est plus. Quand je les entends jurer qu’il faut “dire la vérité aux Français”, j’ai la triste impression qu’ils n’ont pas compris le message. La vérité, les gens la connaissent malheureusement mieux que les candidats. Alors, comment croire à nouveau en une alternance? Regarde qui est la seule à laisser croire qu’elle incarne un projet de société. Est-ce vraiment avec elle que tu comptes nous laisser?
    “”””””””””””””””””””””””””””””””””
    Tout le monde ou presque a tout compris…!
    Sauf les Politiques qui vivent sur une autre planète!!!
    Bien à vous

  3. Très bon article qui montre la peur de cette caste…

    Un détail m’a cependant choqué :
    la phrase attribuée à Charles de Gaulle d’après Luc Carvounas :
    “de Gaulle disait: “L’État, c’est moi.” Voilà»”
    Cette phrase a toujours été attribuée à Louis XIV.
    De Gaulle a dit, lors d’un discours, et c’était au sujet d’un référendum qui devait avoir lieu le week end suivant, je devais avoir 15 ou 16 ans maximum, mais je m’en souviens très bien :
    “C’est à l’Etat de décider et l’Etat, c’est tous les citoyens Français, dont le peuple est majoritaire”… (je ne peux rapporter que le sens de la phrase, mais en gros c’était cela, peut être que tous les mots n’y sont pas, mais une majorité y sont…)

    Comme j’ai vécu cette époque-là, je suis allée à la recherche de Luc Carvounas,
    né le 8 juin 1971 à Charenton-le-Pont, est un homme politique français. Il est sénateur PS depuis 2011, proche de Walls. Cadre territorial, Vice-président du groupe socialiste au Sénat, il est désigné par ses collègues secrétaire de la commission sénatoriale pour l’application des lois, dont il est membre.
    (Vous pouvez tout trouvé sur Wikipédia pour ce qui le concerne)

    Vu son âge, l’école n’était pas encore aussi dénaturée qu’aujourd’hui, alors un Sénateur PS qui attribue à De Gaulle, une phrase très célèbre de Louis XIV depuis des lustres… soit il devrait retourner à l’école, à cause de ses lacunes ou alors ce serait davantage autre chose, faire croire que De Gaulle n’avait pas besoin de l’avis du peuple, alors que c’est tout le contraire et c’est sous sa Présidence : 11 ans, qu’ont eu lieu 4 référendums, de 1958 à 1969, soit 11 ans, jamais les Français avant, n’ont été consultés aussi souvent, et jamais les Français depuis ne l’ont été autant…
    depuis 1958 11 référendums en tout, donc 7 depuis 1969 à 2005, en 36 ans…!!!
    Et le dernier référendum date de 2005, nous n’aurons jamais plus de référendum avec tous ces politiques qui se foutent de la France et des Français!!! et pour qui l’ETAT… c’est EUX…!
    Cherchez l’erreur…!!!

    Le général de Gaulle estimait qu’il était impératif de rendre, lorsque cela était possible, la parole au peuple . Sur ce point, l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 est à cet égard symbolique :
    ”””La Souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum””’. Sont ainsi mis sur le même plan l’élection des députés et le recours au référendum.””’

    D’après la Constitution, le référendum peut être utilisé, soit pour faire adopter un projet ou une proposition de loi (art. 11), soit pour finaliser une révision constitutionnelle (art. 89), soit, depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, pour soumettre à la décision de leurs électeurs un projet de texte des collectivités territoriales relevant de leurs compétences (art. 72-1).

    Le général de Gaulle eut recours préférentiellement à l’article 11, y compris pour réformer les institutions.
    Cette conception du référendum n’était pas évidente à imposer à l’époque. En effet, lorsque le général de Gaulle retrouve le pouvoir en 1958, le référendum n’a pas bonne presse en France. cette procédure jugée “autocratique”.
    Cherchez l’erreur…
    C’est le peuple qui donne son avis et c’est autocratique!!!

    Tout cela pour dire qu’il nous faut un DE GAULLE pour sauver la FRANCE et les FRANCAIS, car nous sommes dans de sales draps, et qu’on le veuille ou non, ce ne sont pas ces politiques achetés pour pourrir le peuple de FRANCE qui y changeront quoi que ce soit!!!

    Je suis à présent certaine que quelque soit le rigolo de droite ou celui de gauche qui prendra le Pouvoir, oui je dis bien PRENDRA LE POUVOIR lors des élections de 2017, aucun de ceux-là ne changeront quoi que ce soit à ce que Hollande a fait…
    Tous aussi pourris et même plus les uns que les autres…!!!!
    Et si vous saviez combien j’aimerai avoir tort… ça me ferait un plaisir immense…!!!
    Pour ceux qui n’ont pas compris et qui ne comprendront que lorsqu’il sera trop tard, la FRANCE n’existe plus en tant que telle et bientôt, ils changeront même son appellation par un mot qui rappellera les envahisseurs car ils seront plus nombreux que nous, au mieux ce sera Françarabia… pour l’Europe c’est déjà Eurabia…
    N’oubliez pas que chaque jour, c’est minimum par centaine qu’ils arrivent et certains jours par millier. A ce rythme-là, ils seront bien plus nombreux que nous, si ça n’est pas déjà le cas!!!
    Tous les jours des migrants sont transformés en “Citoyens Français”, pourquoi???
    Tous les jours n’arrivent en France que des célibataires par bâteaux entiers ou par trains… ils sont très courageux, en laissant, soi-disant, femmes et enfants au bled pour défendre leurs pays à leur place…!
    Le pire c’est qu’on nous prend pour des cons et ça fonctionne à merveille!!!
    .
    LA FRANCE ET LES FRANCAIS ONT BESOIN D’UN DE GAULLE et pas d’un VENDU payé pour nous démollir..I!!!!
    bien à vous

    1. Bravo pour cet article qui décrit avec élégance la morosité ambiante. Eternel optimiste, je ne m’aventure pas encore à parler de désespoir ambiant mais c’est en bonne voie … Juste un bémol : votre terme de rigolo me semble inaproprié car le bouffon lubrique de président Normal qui nous ridiculise à chacune de ses sorties ne me fait pas rire du tout.
      Cordialement
      Philippe

      1. Moi non plus il ne me fait pas rire… ce terme de rigolo est très péjoratif, et à ne surtout pas prendre au premier degré…, car il ne me fait pas rire non plus…!
        Bien à vous

  4. “La primaire rabaisse la fonction” !!
    Il n’a eu de cesse de la rabaisser cette fonction depuis son installation à l’Élysée. de ce côté là, Nicolas Sarkozy ne lui arrive pas à la cheville. Et il faudra plus d’un quinquennat pour redorer la fonction, j’en ai bien peur.
    Autrement cet article est magnifique…

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