[Tribune] Certains veulent assimiler la longue unification du royaume de France à un phénomène migratoire. C’est un contresens.

Par Stéphane Buffetaut



Immigration : Macron se trompe pour nous tromper

Dans un entretien au ParisienEmmanuel Macron a affirmé : « la France a toujours été une terre d’immigration. Cela fait partie de notre ADN, c’est la force de notre pays. » Le Président énonce là une contre-vérité. Cette habituelle ritournelle de la gauche ne correspond à aucune réalité sauf à faire commencer l’Histoire de France au  XIXe siècle.

Certains veulent assimiler la longue unification du royaume de France à un phénomène migratoire. C’est un contresens. Le rassemblement sous la couronne des Alsaciens et des Provençaux, des Poitevins et des Bretons, des Normands et des Aquitains… fut le fruit de la politique capétienne. La lente agrégation des provinces, villes et pays pour former l’État royal n’a rien à voir avec un peuplement par immigrations successives. Il s’agit plus d’une sorte de pacte de fidélité qui se noua à travers le temps entre le roi et les peuples des provinces rassemblées.

Sous le règne de Louis XVI, la France était le pays le plus peuplé d’Europe. C’est ce qui permit à la Révolution et à l’Empire de se lancer à la conquête de l’Europe au nom d’un impérialisme territorial « justifié » par l’idéologie révolutionnaire. Les 23 ans de guerres européennes ont coûté à la France plus d’un million de victimes pour vingt millions d’habitants (Taine estimait à 1,7 million le nombre de victimes, Meynier à 1,4 million et la Fondation Napoléon à 1 million). En proportion, deux fois plus que la guerre de 14-18. Sous la Restauration, la France était un pays de veuves, d’orphelins et d’invalides de guerre. Commença alors le déclin démographique du pays qu’aggravèrent les dispositions successorales du Code civil qui entraînèrent une réduction du nombre d’enfants pour éviter de morceler les terres.

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L’immigration ne devint donc une réalité que dans la deuxième partie du siècle. Et dans des proportions qui n’ont rien à voir avec le phénomène actuel. Après l’écrasement de la révolte polonaise de 1830, ce furent environ 6.000 Polonais qui vinrent en France. Entre 1831 et 1870, 30.000. À la veille de la Première Guerre mondiale, ils étaient 10.000 (BNF et Biblioteca Narodowa).

Les arrivées de population venant du sud de l’Europe furent plus conséquentes, notamment en provenance d’Italie. Dans les années trente, 800.000 Italiens étaient établis en France. Mais le séjour n’était pas nécessairement définitif et le retour au pays fréquent. En 1954, ils n’étaient plus que 507.000. En tout état de cause, les Italiens ont représenté, au plus, 1 % de la population française (chiffres Musée de l’immigration).

Plus tard, les Espagnols vinrent en nombre. Mais le retour au pays était assez fréquent. Plus de 600.000 en 1968, ils n’étaient plus que 321.000 en 1982. Les Portugais furent jusqu’à 750.000 en 1975, mais des milliers d’entre eux rentrèrent au Portugal après la fin du salazarisme.

Ainsi, le phénomène migratoire, dans l’Histoire de France, est récent. De surcroît, il n’eut pas la même ampleur que ce que nous connaissons depuis quelques décennies. Depuis 2007, le nombre des premiers titres de séjour en France métropolitaine n’a cessé d’augmenter : plus de 188.820 en moyenne sous Sarkozy, plus de 217.463 sous Hollande et plus de 255.675 durant le premier quinquennat de Macron (ministère de l’Intérieur/DSED 2022). Soit 3.309.790 titres en quinze ans. Certes, tous ne restent pas et il convient de considérer le solde migratoire. Selon l’INSEE (07/07/2020) entre 2006 et 2020, le solde migratoire s’établit à plus de 2.600.000 personnes immigrées restées en France. Les entrées et logiquement le solde, ont cru de façon notable sous les quinquennats de Hollande et Macron, à l’exception de l’année 2020, en raison de la crise COVID. Le solde migratoire du premier mandat de l’actuel Président s’établira donc autour d’un million d’immigrés supplémentaires.

Il en ressort que les affirmations du président de la République sont erronées et que l’évocation des migrations passées est malvenue, tant les proportions sont sans commune mesure. De surcroît, les immigrants actuels proviennent pour beaucoup d’ères culturelles très différentes de la nôtre, ce qui n’était pas le cas ni des Polonais, ni des Italiens, ni des Espagnols, ni des Portugais. Réalité qui rend plus difficile l’intégration, et a fortiori l’assimilation, de ces populations.

Selon l’INSEE, il y aurait 7 millions d’immigrés en France, ce qui représente 10,3 % de la population (Afrique 47,5 %, Asie 13,6 %, Amérique ou Océanie 5,8 %, Europe 33,1 %). Nous sommes donc en face d’un phénomène massif et nouveau, contrairement à ce qu’affirme le Président Macron, dont la justification par les nécessités économiques paraît assez faible dans la mesure où un grand nombre de postes à pourvoir pourraient l’être par des personnes bénéficiant de l’assurance chômage. Ce qui pose des questions tant sur l’efficacité de Pôle emploi que sur la perte du sens de la « valeur travail » et des excès de l’assistanat.

Une fois encore, le Président tente de nous abuser pour imposer une politique favorable à l’immigration, dans l’esprit du pacte de Marrakech, et donc une société multiculturelle que les Français ne souhaitent pas car ils en pressentent les dangers et l’instabilité. Serait-il enfin possible de tenir compte de leurs aspirations ?

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Boulevard Voltaire

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One thought on “Immigration : Macron se trompe pour nous tromper”
  1. Macron ne se trompe pas : il est et reste pro migration depuis toujours et il est navrant de constater à quel point les Français sont grugés par ce roi de pacotille méprisant. Macron est socialiste, fidèle à la doctrine et ceci explique cela.

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