Une nouvelle Tribune Libre pour Marie Masson sur les fondements même du djihad de l’Islam très intéressante et très instructive.
Tribune Libre à Marie Masson
1 – Le Coran et la sunna
Dans le Coran, Dieu parle à la première personne. Les mots du Coran sont les mots de Dieu.
Le Coran n’est pas le récit de la vie de Mahomet, mais il est constitué d’une succession d’injonctions auxquelles l’humanité est appelée à se conformer. La sunna, la Tradition issue de la vie du Prophète, précise les injonctions données par le Coran en montrant la manière dont Mahomet les a mises en applications.
Le Coran et la sunna constituent, en quelque sorte, un code juridique d’origine divine auquel les hommes doivent se soumettre.
2 – La guerre sainte
Chaque musulman porte la responsabilité de la mise en application de ce code d’origine divine inscrit dans le Coran et la sunna. Le djihad, la guerre sainte, est cet effort demandé à chaque musulman d’augmenter l’emprise des lois divines dans sa vie et dans le monde. C’est là le sens véritable de la guerre sainte, de la guerre visant à rendre le monde saint, conforme à ce pourquoi il a été créé. Pourquoi employer le terme de « guerre » ? Parce que l’usage de la force est légitime.
Il y a deux facettes dans le djihad : celle d’un combat intérieur, spirituel, visant à conformer sa vie à la Loi (le djihad majeur) ; et celle d’une guerre contre ceux qui refusent de se soumettre aux lois divines (le djihad mineur). Anne-Marie Delcambre, docteur en civilisation islamique, précise :
« Il y a deux sens au mot djihâd, mais on ne peut nier que dans l’histoire de l’Islam, c’est le sens matériel et guerrier qui l’a largement emporté. »1
Dans la suite de cet article nous allons nous concentrer sur ce versant du djihad. L’autre versant (le djihad majeur) a fait l’objet d’un autre article (Cf. L’horizon musulman).
On retrouve de nombreuses injonctions dans le Coran appelant les musulmans à participer activement au djihad « militaire ». Voici quelques exemples de versets coraniques :
Cette guerre se fait au nom de Dieu :
« Combattez-les (les infidèles), afin que Dieu les châtie par vos mains. »2
« Ce n’est pas vous qui les tuez, c’est Dieu. »3
Les musulmans qui sacrifient leur vie au nom de cette guerre seront récompensés quelque soit l’issue du combat qu’ils ont entrepris :
« Que ceux (les musulmans) qui sacrifient la vie d’ici-bas à la vie future combattent dans la voie de Dieu ; qu’ils succombent ou qu’ils soient vainqueurs, nous (Dieu) leur donnerons une récompense généreuse. »4
Dans ce dernier exemple, Allah s’adresse à Mahomet et s’indigne des musulmans qui refusent de participer à cette guerre sainte :
« Lorsque on leur a ordonné de combattre, la plupart d’entre eux, (…) se sont écriés : “ Seigneur, pourquoi nous ordonnes-tu la guerre ? Pourquoi ne nous laisses-tu pas parvenir au terme naturel de nos jours ? ” Réponds-leur : “ Le monde d’ici-bas n’est que de peu de valeur, la vie future est le vrai bien pour ceux qui craignent Dieu. ” »5
Amadi Redissi, professeur à l’Université de Tunis, reprend le thème de la guerre sainte dans le Coran et conclut ainsi :
« Comme tous les prophètes monothéistes, Mohammed fut un prophète éthique, c’est-à-dire agissant au nom de Dieu et exigeant l’obéissance en tant que devoir éthique. (…) Toutefois, il se singularise fortement comme porteur d’une éthique de type “ politico-militaire ”. (…) Autant le dire, si “ l’idéal ” du juif est le royaume messianique sur terre, celui de l’islam est le guerrier. »6
3 – Le principe d’abrogation
Le Coran contient environ cent vingt versets7 qui appellent à la patience, au respect, à la discussion.Les versets appelant explicitement à la guerre, à tuer les infidèles, à combattre dans les sentiers de Dieu sont environ deux cent cinquante8 . De plus, compte tenu du principe d’abrogation, les versets violents ont, d’un point de vue théologique, plus d’importance que les autres. Voyons en quoi consiste ce principe :
Un lecteur non averti pourrait voir dans la présence de versets contradictoires dans le Coran une liberté laissée à l’interprétation. Mais ce n’est pas de cette manière que les disciples du Prophète ont compris ces divergences. Pour eux, Allah a accompagné pendant une vingtaine d’années la naissance de la communauté musulmane. Cette naissance de la communauté des « vrais croyants » fut un temps exceptionnel. En effet comme toute naissance, c’est un moment délicat ou la communauté, encore fragile, se structure. Aussi Allah a fait descendre des versets spécifiques à ce moment particulier. Mais une fois l’islam bien établi, avant que Mahomet ne meure, et que la descente des versets ne s’arrête, Allah a révélé des versets qui serviraient aux générations futures. Ainsi selon ce principe, quel que soit le domaine, lorsqu’il existe deux versets contradictoires dans le Coran, cela signifie que le verset le plus ancien est lié au contexte particulier de la naissance de la communauté musulmane et qu’il est « abrogé », c’est-à-dire annulé et remplacé par le verset plus récent qui s’adresse aux générations futures. C’est Allah lui-même qui a énoncé le principe de cette exégèse dans le Coran9 .
Si les versets appelant les musulmans à combattre les infidèles sont plus nombreux que ceux appelant à la tempérance, ils ont été en plus révélés en dernier. Prenons par exemple le verset dit « de l’épée », dans la neuvième sourate :
« Les mois sacrés expirés, tuez les infidèles partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade ; mais, s’ils se convertissent, s’ils observent la prière et font l’aumône, alors laissez-les tranquilles, car Dieu est indulgent et miséricordieux. »10
Voici le commentaire de ce verset que fait Viviane Liati, agrégée d’arabe, docteur en histoire des religions, maître de conférences à l’Université Paris VIII :
« Ce verset fait partie d’une sourate, la neuvième, (…) la dernière “ descendue ” et, de ce fait, (…) les prescriptions qu’elle contient ont une valeur définitive car elles ne peuvent plus être abrogées. Le Coran étant la parole éternelle de Dieu, son champ d’application ou son efficace performative ne sauraient être limités, en principe, ni dans l’espace ni dans le temps. »11
Hamadi Redissi, redit ici l’importance de ce verset :
« Une lecture canonique de ce verset abroge de fait les cent quatorze à cent vingt-quatre versets qui appellent les musulmans à la patience, la tolérance… »12
Viviane Liati poursuit son propos en montrant comment, au XXe siècle, l’exégèse moderne du Coran a tenté de dépasser la théorie de l’abrogation. Elle commence par cette constatation :
« La théorie de l’abrogation est trop bien établie pour être contestée, mais ce qui peut être discuté, ce sont les modalités de son application. »13
Elle prend l’exemple du Manâr14 , qui propose de passer du principe de l’abrogation à celui de « l’oubli ». Allah n’aurait pas abrogé, supprimé, les anciens versets par la descente de nouveaux, mais appellerait les musulmans à les oublier. Cette nuance autoriserait les musulmans à observer un temps, si le contexte les y incite, les anciennes prescriptions. Viviane Liati reprend maintenant le Coran en utilisant les principes de cette exégèse moderne :
« Lorsque les musulmans sont en position de faiblesse et qu’ils sont minoritaires, ils doivent “ oublier ” l’injonction de combattre et au contraire prendre patience devant les préjudices qu’ils subissent, jusqu’à ce qu’ils soient en position de force. À ce moment-là, ils pourront alors “ oublier ” l’appel à la résignation et assumer le devoir de combattre. On ne doit donc pas parler dans ce cas d’abrogation car cela signifierait qu’une prescription est abolie définitivement et qu’il n’est plus permis de l’observer. »15
Ainsi même si temporairement la guerre sainte ne s’exprime pas, elle peut ressurgir à tout moment, mettant ainsi en pratique la parole divine.
4 – Ceux qui répètent que l’islam appelle à la paix
On entend souvent de la part d’intellectuels musulmans que l’islam est une religion prônant la paix. Dans les extraits suivants Soheib Bencheikh, ancien grand mufti de Marseille, chercheur en science islamique, réformateur, pointe le cœur du problème :
« Les intellectuels se réclamant de la confession musulmane répètent sans cesse que l’islam est fraternité, paix, tolérance. Ils ont certainement raison, mais ils n’ont aucun soutien théologique qui permette d’appuyer la plupart de leurs affirmations. Les modérés veulent à la fois relever et embellir l’image de leur religion (…). Ce qu’ils disent de l’islam (…) n’est pas le résultat d’un travail théologique laborieux, ou de déductions textuelles logiques, mais des affirmations ne traduisant qu’un souhait. Seule la version archaïque du droit musulman demeure (…) cohérente avec elle-même et offrant une vision globale des choses. Cependant, son application dans le domaine relationnel relève de la folie.»16
Il écrit encore :
« Aujourd’hui (…) la majorité des musulmans vivent leur religion dans la modération. Mais cela ne va pas sans malaise. Car cette modération n’est pas le fruit d’un travail cohérent et convaincant ; elle est dictée par l’instinct, par le bon sens, ou simplement par pragmatisme et le besoin de sociabilité. »17
Ainsi, pour reprendre les propos de Soheib Bencheikh, ceux qui répètent que l’islam est paix, devraient dire pour être exacts qu’ils souhaiteraient que l’islam soit paix, car les fondements de l’islam n’invitent absolument pas à cette conclusion.
5 – Étymologie d’« islam »
On entend souvent dire que « islam » signifierait étymologiquement « paix » ce raccourci sous-entendant que l’islam est une religion prônant la paix puisque c’est là son véritable sens.
La racine sémitique s.l.m a plusieurs dérivés en arabe qui ont des sens différents : salima signifie être conforme, être en sécurité ; salâm exprime la paix, la sérénité ; sallama véhicule quant à lui l’idée de rémission aussi bien dans le sens de s’en remettre à quelqu’un que de se constituer prisonnier ; et enfin aslama signifie se soumettre, faire allégeance. Le mot « islam » a pour origine aslama. Même si en arabe paix et soumission ont une racine commune, il s’agit de deux mots différents et « islam » provient de « soumission » et non de « paix ».
Alfred-Louis de Prémare est enseignant chercheur à l’institut de recherches et d’études sur le monde arabo-musulman d’Aix-en-Provence. Dans l’extrait qui suit, il détaille le sens originel du terme « islam ».
« “ Islâm ” fut dès le départ un terme équivoque. On avait tendance, naguère, à en occulter l’équivocité au profit d’un sens limité aux rapports de “ soumission individuelle ” que le croyant doit avoir à l’égard de Dieu. (…) À lire la littérature biographique autour de Muhammad et de ses compagnons, on en arrive à définir l’islam des origines de la façon suivante : c’est le ralliement ou la soumission à un pouvoir nouveau instauré par un prophète qui en définit les lois au nom de Dieu, et dont les assises politiques sont appuyées sur une action militaire permanente. C’est de cela que veulent rendre compte précisément les récits d’ “ Expéditions de l’Envoyé de Dieu ” (Maghâzî rasûl Allâh), noyau premier de l’écriture sur l’histoire des débuts de l’islam. »18
Le terme “ islam ” avait une double signification, il s’agissait d’une part d’une soumission individuelle à Dieu, mais aussi une soumission au pouvoir politique instauré par Mahomet au nom de Dieu. Pour le dire autrement la soumission n’est pas que spirituelle, il s’agit aussi d’une soumission « concrète » aux lois de Dieu, or ces lois exprimées dans le Coran et la sunna légifèrent aussi bien dans le domaine religieux que politique. Le terme « musulman » a d’ailleurs la même racine et signifie « soumis ». Un des propos les plus anciennement transmis que l’on ait du Prophète est le suivant :
« J’ai reçu l’ordre de combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils disent : “ Point de divinité excepté Allâh ”. Celui qui dit : “ Point de divinité excepté Allâh ” préserve de mon atteinte ses biens et sa personne. »19
Ceux qui reconnaissent Allah, ceux qui lui sont soumis seront en paix et n’auront pas à craindre le djihad. L’islam menace de guerre ceux qui refuse de se soumettre. Nous sommes très loin de ce raccourci étymologique qui impliquait que « islam » signifiait « paix ».
Contrairement à ce que sous entendent de nombreux média, les djihadistes ne sont pas des illuminés analphabètes qui n’auraient jamais lu le Coran. Ils connaissent au contraire très bien leur Livre Saint auquel ils souhaitent se soumettre de manière totale, radicale, sans compromis, jusque dans la mort. Ils s’inscrivent dans la lignée du Prophète en poursuivant le combat inauguré par ce dernier pour soumettre le monde, de gré ou de force, aux lois d’Allah. La guerre sainte est un élément structurant de l’islam qui traverse de part en part le Coran comme la vie du Prophète.
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- Références :
1 DELCAMBRE Anne-Marie, L’islam des interdits, Paris, éditions Desclée De Brouwer, 2003, p. 21.
2 Coran (IX, 14 ; trad.k. IX, 14). Dans les traductions en français que nous avons du Coran, Dieu emploie le nous de majesté, et parle de lui à la troisième personne.
trad. K. : signifie traduction de Kasimirski. Il s’agit de la première traduction en français du Coran. Elle date de 1840. Elle a été enrichie par la suite, et reste aujourd’hui une des traductions les plus diffusées. Il faut noter que cette traduction comporte des écarts dans la numérotation des versets avec les traductions faites ultérieurement. Afin que le lecteur puisse aisément retrouver les versets cités les deux références sont systématiquement mentionnées, la première référence étant celle des autres traductions, et la seconde celle utilisée par Kasimirski.
3 Coran (VIII, 17 ; trad.k. VIII, 17)
4 Coran (IV, 74 ; trad.k. IV,76)
5 Coran (IV, 77 ; trad.k. IV,79)
6 REDISSI Hamadi, L’exception islamique, Paris, éditions du Seuil, 2004, pp. 92-94.
7 Ibid., p. 87.
8 DELCAMBRE Anne-Marie, L’islam des interdits, Paris, éditions Desclée De Brouwer, 2003, p.22.
9 Coran (II, 106 ; trad.k. II, 109)
10 Coran (IX, 5 ; trad.k. IX, 5)
11 LIATI Viviane, De l’usage du Coran, éditions Mille et une nuits, 2004, pp.82-83.
12 REDISSI Hamadi, L’exception islamique, Paris, éditions du Seuil, 2004, pp. 87-88.
13 LIATI Viviane, De l’usage du Coran, éditions Mille et une nuits, 2004, p.86.
14 El Manâr, le phare en arabe, est une revue égyptienne spécialisée dans toutes les questions liées à la foi musulmane.
15 LIATI Viviane, De l’usage du Coran, éditions Mille et une nuits, 2004, pp.87-88.
16 BENCHEIKH Soheib, Marianne et le Prophète, Paris, éditions Grasset et Fasquelle, 1998, pp.145-146.
17 Ibid., p.146
18 DE PREMARE Alfred-Louis, Les fondations de l’islam, Paris, éditions du Seuil, 2002, pp.86-87.
19 Hadith (MUSLIM, Al-Sahîh, Imân,I, 200 sq. trad. Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l’islam, Paris, éditions du Seuil, 2002, p. 87.)
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