Enfin quelqu’un qui s’adresse à ses pairs sans insulte ni vulgarité, cela fait du bien !

Par Gabrielle Cluzel


Pas besoin d’être grossier pour « défendre le peuple ». La preuve par Lisette Pollet

Faut-il vraiment en faire des tonnes, surjouer bruyamment le sans-culotte (et surtout le sans-cravate), éructer des menaces de tricoteuse au pied de la guillotine, vociférer des anathèmes tel Robespierre à la tribune de la Convention nationale, pour prétendre représenter « le peuple » ? À la tribune de l’Assemblée, une discrète députée RN de la Drôme, Lisette Pollet, vient de démontrer le contraire. 

Pas d’effet de manche, d’insulte, ni de petite phrase « buzzables » hors sujet, simplement une question au gouvernement : quid de la retraite des aidants ? « Monsieur le Ministre, s’occuper d’un parent invalide ou d’un enfant handicapé à domicile a généralement des conséquences importantes sur la carrière. En 2021, un Français sur six s’occupait d’un proche malade, âgé ou handicapé, selon une étude de la DREES. Or, du fait du vieillissement de la population, la nécessité des aidants va se faire de plus en plus criante. » De fait, l’hiver démographique n’aura pas simplement des effets sur le montant des cotisations retraite. Faute de descendance, la population des « aidants » potentiels, ceux qui suppléent le personnel médical, va se réduire comme peau de chagrin. Alors que le scandale du traitement de nos personnes âgées dans les EHPAD, mais aussi à domicile, fait rage, permettre aux aidants de l’être sans mettre en péril leurs propres vieux jours est essentiel. « Aujourd’hui, la solidarité nationale ne relaie pas encore suffisamment la solidarité familiale. Dans le contexte actuel de pénurie de professionnels, de nombreux proches deviennent aidants à défaut de meilleure solution. »

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Lisette Pollet sait de quoi elle parle : il a fallu toute la persuasion de Jordan Bardella pour convaincre cette secrétaire départementale devenue conseillère régionale de se présenter : elle était alors bien occupée car aidante pour son propre beau-père, accueilli dans sa famille après une expérience malheureuse en EHPAD. C’est aussi pour cela, nous confie-t-elle, qu’elle aura, le moment venu, beaucoup à dire sur le projet de loi sur la fin de vie. Elle est farouchement opposée à l’euthanasie : « Les personnes âgées se culpabilisent d’être une charge pour nous, mais il est bien normal de s’occuper d’eux, comme à l’autre bout de la vie, on s’occupe des bébés ! ». Pour elle, ce sont les soins palliatifs qui doivent être développés. Dans le même registre, elle fait partie des quelques rares députés qui ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG. 

« Lisette Pollet, l’anti-Rachel Keke » : il était tentant de titrer ainsi cet article. Mais ce n’est pas du tout comme cela que Lisette Pollet se définit. N’essayez pas de lui faire proférer la moindre méchanceté contre Rachel Keke, ce sera peine perdue. Elle la défend même bec et ongle quand certains se moquent de sa façon de parler. 

Pourtant, le parallèle entre la réserve de l’une et le tapage autour de l’autre est frappant. Lisette Pollet, comme Rachel Keke, est issue de l’immigration. Son père, portugais – elle est née Lisette Dos Santos Francisco – est venu travailler comme tailleur de pierre en France. Comme Rachel Keke, elle a été femme de ménage. D’aucuns, s’amuse-t-elle, à cause peut-être du sobre tailleur qu’elle porte à l’Assemblée, glissent qu’elle « devait être cadre ». Mais non, Lisette Pollet y tient : même si elle gérait un groupe d’intervenantes dont elle organisait le planning, elle a toujours eu, jusqu’au début de son mandat parlementaire, le statut d’employée. Lisette Pollet travaillait dans un établissement catholique de Valence et se souvient d’ailleurs avec amertume de la remarque d’une des religieuses lorsqu’elle s’est présentée aux élections. Celle-ci a arrêté brusquement Lisette Pollet alors qu’elle poussait son chariot : « Je ne vous imaginais pas comme ça ! » La sœur lui aurait-elle parlé de la même façon si elle avait été candidate à l’extrême gauche ? Pourtant, originaire d’un village près de Fatima, Lisette Pollet est croyante. Si elle ne pratique pas, « elle prie ». Mais cette dimension-là, semble-t-il, n’a jamais intéressé quiconque dans ladite école privée. 

Par le même racisme social, la prendrait-on, du côté de LFI, pour une ouaille égarée à ramener au bercail ? Une de ces « fâchées pas fachos » qui devrait « savoir », comme le disait Jean-Luc Mélenchon en 2017, que c’est « La France insoumise » qui « défend le peuple » ? Louis Boyard, qui n’avait pas salué Philippe Ballard, a serré la main de Lisette Pollet : « Vous vous êtes trompée de parti », a-t-il lancé au passage. Et Danielle Simonnet lui a même proposé de dîner avec elle, un soir où elle attendait ses collègues. Sans succès. Celle qui a dû démissionner, il y a quelques années, de son statut de déléguée du personnel CFDT pour adhérer au RN se dit aujourd’hui inconditionnellement attachée à la personne de Marine Le Pen. C’est en 2014, « après avoir reçu un tract dans sa boîte », que cette ancienne électrice de Nicolas Sarkozy a basculé et, à l’écouter, elle n’est pas du genre girouette. 

Quant aux autres de ses collègues, inutile d’essayer de lui demander si elle a de bons contacts avec eux, elle ne veut rien dire pour ne pas les « griller ». Comme une lépreuse soucieuse de ne pas contaminer. Elle sait ce que coûte à un politique d’être dénoncé pour avoir frayé avec le RN et ne veut nuire à personne. Le respect des autres semble être primordial pour cette taiseuse qui reconnaît avoir la personne de politesse plus facile que le tutoiement : elle dit même « vous » à son beau-frère, sourit-elle.

« Il est indispensable, Monsieur le Ministre, de reconnaître les efforts que fournissent [les aidants] et de réviser les critères d’attribution de l’assurance vieillesse aidant. […] Qu’attendez-vous pour porter la majoration à un minimum de 16 trimestres ? Je vous remercie. » C’est ainsi que Lisette Pollet a conclu son intervention, ce mardi après-midi. 

N’est-ce pas insulter le « peuple » que d’imaginer qu’il faille être grossier pour le représenter ? La France bien élevée transcende les classes sociales. 

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2 thoughts on “Pas besoin d’être grossier pour « défendre le peuple ». La preuve par Lisette Pollet”
  1. On se rend ainsi compte que les fachos ne sont pas ceux que l’on croit mais qu’ils sont en réalité à gauche.

  2. Gabrielle Cluzel , rédiger un article sur Lisette Pollet , issue de l’immigration qui travaillait dans un établissement catholique à Valence, employée à “aider” les personnes âgées qui souffrent en fin de vie , avant de devenir : Députée au RN est un chemin de croix , j’ imagine le respect et l’amour que vous avez envers les “vieux” , comme ils sont souvent appelés par leurs contemporains ( j’en suis), il est vrai que j’ai cessé toute activité à 63 ans afin de m’occuper de mes deux parents atteints de maladie dégénérescente, ceci, durant sept années, oui, il faut beaucoup d’amour pour “aider” les personnes âgées qui souffrent de multiples douleurs, et de tous les maux imaginables qui sont la résultante de tout un vécu qui n’a pas toujours été un “long fleuve tranquille”. “Chapeau bas” et”Respect” à Madame Lisette Pollet , ainsi qu’à Vous Madame Gabrielle Cluzel.
    Je ne sais combien de temps , il me reste pour dénoncer les travers et les colossales injustices de notre société française (surtout depuis l’arrivée d’un adolescent gâté au pouvoir ), mais ce que je crois , c’est que nos dirigeants politiques sont en grande majorité déconnectés des réalités de notre monde devenu trop inhumain . L’intelligence artificielle que je dénonce, partiellement, dans l’un de mes articles parus ,il y a quelques mois, je ne souhaite pas les réécrire, ils sont au service de la vérité .Mais je dois vous dire, pour ne jamais avoir quitté ma vie ,toujours active, au service des “Humains” que nos ” Droits sont en grave danger ” , et je me sens , à la fois, responsable et désespéré (comme le disait Saint-Exupéry ), me nourrissant de mon vécu exceptionnel, selon mes amies et amis, expérience intensément vécue , encore à ce jour,
    je veux alerter tous les Françaises et Français ,avec force et vigueur, que nos politiques ont dérivé dangereusement en faisant disparaître nos valeurs fondatrices qui ont construit la France, lesquelles étaient universelles et républicaines.
    De même suite, les tentations identitaires réapparaissent et envahissent tous les débats , dans une atmosphère crispée , tendue, à cause de déclarations insultantes d’un petit chef , sans culture réelle, et qui n’aime pas la France, il en a été l’injuste ” détonateur ” , ainsi, il a menacé le ” SOCLE” de notre “Etat de Droit” , il a “bordelisé ” notre république , déjà très affaiblie.
    Le temps est venu de la lucidité et de la mobilisation générale pour éviter une guerre qui ferait disparaître :
    l’ “Âme du Peuple de la France” et le peu de démocratie qu’il reste .
    En somme, il nous faut de ” Belles Personnes” comme Vous Gabrielle Cluzel et Lisette Pollet.

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