un pas de plus vers la déshumanisation numérique
Par Marie-Camille Le Conte
Suppression du timbre-poste rouge : un pas de plus vers la déshumanisation numérique
Il existait depuis 1970, il a tiré sa révérence ce dimanche 1er janvier : le timbre rouge, symbole du courrier prioritaire qui arrivait dans la boîte aux lettres du destinataire en moins de 24 heures, a définitivement disparu de nos enveloppes pour des raisons économiques et écologiques.
Il prend sa place dans la liste de « ce qui change au 1er janvier 2023 ». Il sera tout bonnement remplacé par une e-lettre rouge, nouveau concept que l’on peine à distinguer d’un e-mail, si ce n’est par… son prix. Il s’agira désormais de se rendre sur le site de La Poste pour écrire sa lettre ou scanner un document manuscrit. Ce courrier sera envoyé au bureau de poste le plus proche du destinataire où un employé l’imprimera et le mettra sous pli avant de le livrer en 24 heures au destinataire. Le tout pour la modique somme de 1,49 euro, là où le timbre rouge coûtait trois centimes de moins.
Se pose évidemment le problème logistique pour ceux qui ne possèdent pas d’accès à Internet. Rappelons, à toutes fins utiles, qu’un sondage INSEE publié en 2019 explique qu’une personne sur six n’utilise par Internet, qu’une personne de 75 ans sur deux n’a pas d’accès Internet à son domicile, que plus d’un usager sur trois manque des compétences numériques de base… Tous ces Français se trouvent donc lourdement pénalisés par une décision qui les empêchera désormais d’envoyer des courriers urgents à leurs proches.
Qu’à cela ne tienne, le directeur général adjoint de La Poste, Philippe Dorge, martèle sur RTL que La Poste ne fait que « répondre aux nouveaux besoins de nos clients, ce sont eux qui décident ». Si l’on en croit les diverses réactions glanées sur les réseaux sociaux, il semblerait que bon nombre de ces clients n’aient rien décidé du tout. L’écrivain Alexandre Jardin fustige : « Jadis, un service public s’adressait à tous – inclus ou pas. C’était son honneur et ce qui le distinguait. Cette perte de sens élémentaire – vertigineuse – est au cœur de l’usine à gaz concoctée par le propriétaire de La Poste. L’État dynamite ses valeurs. »
Perte de sens du service public, tiers-mondisation, fracture numérique aggravée, grave problème de confidentialité… la suppression du timbre rouge ne fait pas que des heureux, et pour cause : au-delà du mauvais signal envoyé par une Poste qui renonce tout simplement à faire son métier, ce nouveau pas vers le « tout numérique » intervient comme le triste symbole d’une société numérisée, incapable de prendre du temps pour les autres. Tout se fait de chez soi, à la va-vite, et tant pis pour les retardataires qui n’ont pas la possibilité de suivre la marche du progrès ! La rentabilité d’une entreprise publique mérite bien quelques sacrifices…

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Boulevard Voltaire

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