[Tribune] Affaire Palmade, assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz…
Par Stéphane Buffetaut
Des « faits divers » qui n’en sont plus
[Tribune] Affaire Palmade, assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz…
La France est choquée par deux affaires sans aucun lien ni ressemblance mais qui donnent une inquiétante image de notre société. Un homme du show-biz sous l’empire de la cocaïne, après plusieurs jours de défonce de sexe et de stupéfiants, prend la route et provoque un tragique accident qui brise la vie des occupants de la voiture accidentée, tandis que ses passagers, plutôt que de prêter assistance aux blessés, prennent la fuite. Parmi eux, une personne en situation irrégulière. De surcroît une autre enquête est ouverte pour des faits sordides.
À Saint-Jean-de-Luz, un élève de seize ans assassine à coups de couteau son professeur d’espagnol. Il prétend avoir entendu une voix lui disant de tuer quelqu’un. À propos de la mort de cette enseignante, le ministre Pap Ndiaye se borne à déclarer : « C’est un jour triste pour l’Éducation nationale. » Un peu court. Ce professeur exerçait son métier au collège-lycée catholique Saint-Thomas-d’Aquin. Jour tragique, et pas seulement triste.
La première affaire met au jour la dérive d’une certaine part de la société pour laquelle la jouissance individuelle est la règle de vie. En l’occurrence au mépris de celle des autres. L’usage de la cocaïne s’est d’abord répandu dans certaines sphères fortunées de la société, du monde du spectacle, de l’intelligentsia, de la politique, de la finance et des affaires pour se propager au-delà. Cyniquement, il serait possible de considérer que si ces gens veulent se détruire eux-mêmes, c’est, après tout, une forme de sélection naturelle. Le problème est qu’ils ne détruisent pas qu’eux, comme le démontre l’affaire Palmade, et qu’ils engraissent les trafiquants, devenant ainsi les complices d’une forme de délinquance parmi les plus violentes de notre époque.
Clairement, il a existé et il existe encore, chez certains hommes de gauche et certains libéraux, une espèce de complaisance pour une forme de toxicomanie « mondaine ». La cocaïne pour les riches, le cannabis pour le « petit peuple » et les jeunes au départ. Tout ceci ne vient pas de nulle part. Rappelons qu’un des maîtres à penser de notre époque, Freud, était un toxicomane, adepte de la cocaïne. En 1966, l’UNEF avait distribué aux étudiants strasbourgeois un pamphlet dont la conclusion était « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves » (formule du syndicaliste tunisien situationniste Mustapha Khayati). La formule « il est interdit d’interdire », boutade de Jean Yanne, sera souvent reprise comme symbole de Mai 68 et se révèle emblématique de l’individualisme contemporain qui refuse toute limite aux désirs de l’individu. « Prenons nos désirs pour des réalités », proclamait-on aussi, durant le même mois de mai.
Le drame de Saint-Jean-de-Luz est certes d’une autre nature et semble être en lien avec des troubles psychiques graves. Mais il symbolise le basculement de notre société dans la violence gratuite. « Enragez-vous » était aussi un des mots d’ordre de Mai 68. C’est-à-dire laissez libre cours à vos fureurs. Dangereux conseil ! Faut-il évoquer la terrifiante litanie de violences et de crimes qui émaillent nos « actualités ». Et après lesquelles sont déroulés les mêmes rituels : marches blanches, bougies, fleurs, minutes de silence, qui en rien ne font reculer l’inadmissible violence. Thérapie de groupe de l’impuissance politique et de la démission éducative.
Journalistes et politiques n’ont pas manqué de déplorer le viol du « sanctuaire » que serait l’école. Cette mythologie républicaine est assez cocasse par sa référence religieuse, alors que le but de Jules Ferry était de combattre l’Église et sa place dans l’éducation et la cité afin « d’enraciner le régime républicain au plus profond de la société française ». Dans sa lettre aux instituteurs (27 novembre 1883), il précisait que la loi du 18 mars 1882 plaçait « au premier rang l’enseignement moral et civique ». Il y a bien longtemps que ceci a été oublié au profit des idéologies en vogue. On en mesure le résultat et il est bien naïf de « sanctifier » l’école comme remède aux dérives de la société alors qu’elle est elle-même trop souvent à la dérive.
Le but de la philosophie grecque et romaine, de la morale et de la spiritualité chrétiennes, étaient d’apprendre à l’homme à se contrôler lui-même, à dominer ses passions et à rechercher la vérité des choses et des êtres dans la parfaite conscience des faiblesses de la nature humaine. Le relativisme et l’individualisme triomphants combattent ces aspirations et ont détruit jusqu’à la notion même de bien commun. Ce qu’ils proposent n’est pas une contre-civilisation. C’est l’absence de civilisation. La barbarie. Nous y glissons dans l’aveuglement général. Tandis que l’oligarchie dirigeante avoue son impuissance. Si elle ne sert plus à rien, il convient de la congédier.

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Boulevard Voltaire

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