Réforme des retraites, et si la classe politique avait tout faux


La réforme voulue par Macron pour changer le régime des retraites est une véritable imposture.

Par Maxime Tandonnet



Réforme des retraites, et si la classe politique avait tout faux 

Pour FIGARO VOX

Texte ci-dessous: ma position n’est pas de principe contre une réforme. Elle consiste à dire que cette réforme là relève de l’imposture: son intérêt effectif est, non pas réduit, mais nul, inexistant. Or ce constat est tabou. J’attends toujours qu’une autorité morale ou intellectuelle ou politique ait le courage de le dire. Ils sont en train de déclencher un nouvelle déchirure sociale – alors que la France a tant besoin de stabilité et de concorde – pour du néant. Ensuite, je suis convaincu que dans une vieille nation comme la France, il est monstrueux de réformer contre le pays profond 75% de ses habitants, 90% de ses travailleurs. La France n’appartient pas une caste déconnectée qui se prétend éclairée et entend faire le bien des gens contre eux-mêmes; elle appartient à ses habitants. Pour réformer, il faut d’abord écouter, expliquer, convaincre. Sinon, c’est la loi du mépris qui s’impose. Tel est le fond de ma pensée sur tout cela ou plutôt, de ma sensibilité: je ne supporte pas qu’on se moque du monde. Et de tout coeur, je remercie le Figaro Vox de me pe



« Le résultat des élections de 2022 doit impérativement prévaloir sur les sondages et sur « la rue » : cette affirmation domine le discours officiel, politique et médiatique, pour justifier la volonté du pouvoir actuel et de ses alliés de mener à son terme, quoi qu’il arrive, l’emblématique réforme des retraites. Ainsi, le report à 64 ans du départ de l’âge à la retraite, dérivé de la promesse de campagne de M. Macron de porter cet âge à 65 ans, serait comme gravé dans le marbre. Un tel raisonnement se heurte à l’esprit initial de la Ve République. Dans l’esprit de son fondateur, Charles de Gaulle, l’élection ne valait pas une sorte de chèque en blanc pour les dirigeants politiques, dont la légitimité pour réformer le pays reposait, au-delà du scrutin initial, sur la confiance populaire préservée. D’où les referendums successifs où le Général engageait sa confiance et la poursuite de son mandat. Présider ou gouverner la France contre son gré, sans la confiance et le soutien populaire, était inconcevable à ses yeux.

Les faits lui donnent raison. C’est une erreur profonde de prétendre qu’en élisant le président Macron en 2022, une majorité des Français (globalement) lui a accordé un feu vert pour mettre en œuvre les 65 ou 64 ans. La présidentielle de 2022 s’est déroulée sans véritable campagne, sans le moindre débat de fond, entre les terreurs covidesques et le déclenchement de la guerre d’Ukraine. Le choix de nombreux électeurs de l’actuel président était dominé par la crainte de voir M. Mélenchon ou Mme le Pen parvenir à l’Elysée. Certes à un moment de la campagne, pour couper l’herbe sous le pied de la candidate de droite, le candidat-président a annoncé un report de l’âge de la retraite à 65 ans (tandis que quelques mois auparavant, il fustigeait cette mesure comme hypocrite). Mais il est abusif d’affirmer que les électeurs (dans leur ensemble) avaient cette mesure à l’esprit quand ils ont voté dans un contexte global extrêmement anxiogène. Quant au message principal des législatives qui ont suivi, avec 46% de participation, le refus d’accorder une majorité absolue au chef de l’Etat manifestait bien au contraire une volonté populaire de ne pas accorder au président un blanc-seing, y compris sur les 65 ans.

La séquence politique actuelle est dramatique pour la démocratie française. La mesure phare des 64 ans est immensément impopulaire et rejetée par les trois quarts des Français et les neuf dixièmes des actifs comme le prouvent toutes les enquêtes d’opinion, confirmant une réalité que chacun peut percevoir dans sa vie quotidienne. Or, sous de mauvais prétextes, la classe dirigeante donne le sentiment de n’en tenir aucun compte. Elle s’enfonce dans une attitude qui manifeste une sorte de fuite dans le mépris et la déconnexion. Pire : dans ce bras de fer entre les élites dirigeantes et le peuple, c’est le peuple qui a raison sur le fond. Les 64 ans ne servent strictement à rien compte tenu de la règle des 43 annuités. Leur unique effet sera d’obliger à travailler plus de 43 ans quelques catégories de travailleurs ayant commencé avant 21 ans donc ayant peu fait d’études (et échappant aux dérogations prévues pour les carrières longues). Le reproche d’inutilité et d’injustice envers cette mesure totémique est avéré. L’image d’une classe politique obtuse, refusant d’écouter le pays, à l’abris de ses palais et engoncée dans l’indifférence pendant que la France populaire s’enfonce dans une nouvelle galère – le blocage de l’économie et des transports – est dévastatrice.

Selon le discours dominant le président « ne pourrait plus gouverner s’il renonçait à cette mesure ». Pourtant, qu’il cède ou non, la confiance, déjà fragile, sera définitivement rompue avec le pays, obérant gravement la suite de son mandat. Et quasiment toute la classe politique sortira perdante de cette épreuve de force entre elle-même et la Nation. Les leaders officiels de la droite LR se sont gravement compromis avec la majorité présidentielle dans une logique d’arrogance au prétexte de coller à un programme qui, à quatre reprises (présidentielles et législatives), a contribué à leur défaite. La Nupes a fait naufrage dans l’outrance. Cette crise sociale a aussi montré les limites de la « dédiabolisation » du RN, avec lequel les syndicats rejettent tout contact, un parti qui ne parviendra jamais à incarner l’apaisement et une réconciliation dont la France a tellement besoin. Dans cette débâcle qui signe peut-être le paroxysme de la décomposition politique et semble ouvrir sur un abîme, seuls les « frondeurs » de la droite LR pourraient éventuellement tirer leur épingle du jeu. Ils sont une vingtaine de la jeune génération LR. Ils ont compris (contrairement aux leaders du parti) qu’au-delà de l’emblématique report à 64 ans (encore une fois inutile et injuste) se jouait un bras de de fer entre les « élites dirigeantes » incarnée par la présidence Macron et la France populaire, le monde du travail.

A condition cependant de ne pas faire naufrage à leur tour dans la mégalomanie, la prétention solitaire et le culte de la personnalité. 

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d’histoire…
Copyright obligatoire en cas de citation ou de transmission de cet article, vous pouvez le copier: Maxime Tandonnet pour Maxime Tandonnet – Mon blog personnel

Nous aimons la liberté de publier : à vous de partager ! Ce texte est une Tribune Libre qui n’engage que son auteur donc en aucun cas Observatoire du MENSONGE

 


Article(s) du moment :

 « Gouverner, c’est faire croire. »

Le vrai mal français

Un livre sans concession mais tellement réaliste !


Abonnez-vous gratuitement à notre chaîne en cliquant ICI

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

« L’ignorance est la nuit de l’esprit
et cette nuit n’a ni lune ni étoile. »


En savoir plus sur La politique est une poubelle qu’il faudrait vider plus souvent

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

4 commentaires

  1. Tout est exact , votre analyse est parfaite, Maxime Tandonnet , comme toujours.
    J’ai apprécié.
    Evidemment, les Françaises et Français sont divisés comme jamais .
    Et si Charles de GAULLE était parmi Nous, il y a fort longtemps qu’il aurait dénoncé le traitre qui ruine la France. .En effet, Nous constatons une  » CHUTE », un déclin de la France, ceci, en tous domaines, et surtout, nous devons vivre dans une atmosphère anxiogène qui finira par nous détruire , mentalement, économiquement qui nous entraîne vers un conflit qui pourrait nous anéantir.
    En vérité nous sommes déjà endettés à près de huit trilliards d’euros et point seulement trois trilliards !
    Désolé, Macron nous a encore menti.
    De même suite, la classe politique n’existe déjà presque plus, elle s’est discréditée , notamment, lors de l’examen de cette abracadabrante réforme des retraites qui a, une fois encore, déchiré la France , c’ était l’objectif de Macron et de ses copains qui sont des « usines à gaz  » asphyxiantes , qui veulent nous laminer, et nous entraîner dans une guerre qui s’éternise, programmée de longue date .
    Compte tenu des éléments de réflexion dont nous disposons : Cela va mal finir…

    J’aime

  2. Les LR sont indéfendables
    les LR se sont quasiment tous renier pour devenir macronistes. Ils ont tous voté pour macron, je viens de lire que le maire d’Orléans filait chez macron, la plupart ont rejoint macron où sont en passe pour le rejoindre. Que pouvions nous attendre de traitres pareils. Tous ces gens là, larcher par exemple, à 74 ans, il est pas fatigué le Q vissé sur son fauteuil, on voit qu’il mange bien, il n’a pas de problème pour finir les fins de mois. C’est grave que ce soit tous des bureaucrates qui n’ont jamais travaillé autrement que par la langue et le Q sur une chaise qui viennent nous imposer le travail. Les gens en ont marre de voir le cac 40 flambé alors que beaucoup n’arrivent pas à finir le mois, de voir les milliards de dividende encaissés. Beaucoup de gens travaillent très durs, sont usés dés 60 ans leur demander de faire plus c’est honteux. Beaucoup s’arrêteront en maladie parce qu’ils n’en pourront plus, les risques d’accident du travail seront plus élevés, mais ça, que nenni ces bureaucrates ne veulent et ne peuvent pas le comprendre, car à part des escarres, je ne vois pas quel serait leur problème de santé.

    J’aime

    • Vous avez raison et ce n’est pas avec l’actuel bureau que cela changera : ce parti est fini, cuit. Les bureaucrates malheureusement sont aux commandes avec tous les dégâts qu’ils savent commettre.

      J’aime

  3. Bien sûr que les politiques ont tout faux puisqu’eux ne sont pas touchés dans leurs retraites dorées sur mesure et tant qu’en France il y aura des passe-droits rien ne sera possible.

    J’aime

Ecrire ci-dessous votre commentaire, merci :

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.