À chaque nouvelle dinguerie sociétale, on se dit qu’elle a atteint le maximum pour, ensuite, se rendre compte qu’elle a mis la barre encore plus haut.
Nicolas Gauthier
La dernière d’Anne Hidalgo ? Des barbecues dans les jardins publics !
Le règne d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris est, décidément, un délice de chaque instant. À chaque nouvelle dinguerie sociétale, on se dit qu’elle a atteint le maximum pour, ensuite, se rendre compte qu’elle a mis la barre encore plus haut. Les records sont certes faits pour être battus. Mais Anne Hidalgo est imbattable.
Quelle est donc la nouvelle lubie de la municipalité ? L’installation de barbecues dans les jardins publics, à en croire ce vœu émis, lundi dernier, par le groupe écologiste, juste histoire de mettre un terme à une situation de plus en plus intenable. Laquelle ? La prolifération de barbecues sauvages dans les espaces verts de la capitale.
Ces autorités publiques n’ont donc plus « d’autorité » que le nom, se contentent donc désormais d’accompagner la légalisation de l’illégalité. Une manière comme une autre de concevoir l’ordre républicain. D’où les explications pour le moins alambiquées d’Émile Meunier, conseiller EELV à l’origine de cette mesure : « Des jeunes ont envie de se retrouver et font des barbecues non encadrés dans l’espace public. Soit on leur envoie la police, soit on encadre cette pratique. C’est cette seconde solution que nous avons choisie. » Le contraire nous aurait étonnés.
Mais une fois la vulgate municipale traduite en français vernaculaire, que comprend ce brave pékin de Parisien ? Tout simplement que des « jeunes » privatisent l’espace public, avec les nuisances que l’on devine. L’occasion d’aussi se rendre compte que les barbecues, familiaux comme amicaux, auraient désormais vocation à être « encadrés ». D’ici à ce qu’il faille demander l’autorisation à la première des Parisiennes de se rendre au petit coin, il n’y a pas loin.
Notons que de pareilles mesures ont déjà été prises dans d’autres villes toujours à la pointe du progrès, telles Rennes, Grenoble ou Nantes, avec des résultats en matière de concorde civile demeurant encore à déterminer.
Seulement voilà, il y a encore deux écueils sémantiques à résoudre afin que cette mesure apporte son écot au vivre ensemble. Le premier, c’est que le traditionnel barbecue se fait au bois. On vous laisse imaginer le bilan carbone : pire qu’une centrale à charbon allemande dont l’électricité suffit à peine à faire tourner des éoliennes hollandaises. L’objet en question sera donc électrique. Le second, c’est la charge symbolique du repas, stigmatisée par Sandrine Rousseau comme objet emblématique de « virilisme ». Soit les Mythologies de Roland Barthes revisitées à la sauce piquante.
Heureusement, Anne-Claire Roux, adjointe d’Anne Hidalgo, a réponse à tout : « On pourra montrer qu’on peut faire griller des légumes et que c’est tout aussi convivial. Et questionner aussi la place des femmes autour des barbecues. Plutôt que de l’interdire, faisons du barbecue un outil de médiation pour parler d’écologie, d’égalité entre les femmes et les hommes. » Après la gauche caviar, la gauche barbecue. C’est beau comme du Pierre Dac.
À propos de « la place des femmes autour des barbecues », il est à craindre qu’Anne-Claire Roux n’en ait pas souvent fait, dans son existence qui, à l’entendre, doit sûrement être palpitante. Autrement, elle saurait que la place des femmes, telles leurs ancêtres préhistoriques, consiste plus à préserver le feu que de s’en aller chasser le mammouth.
Ainsi, nos épouses, qui nous connaissent mieux que personne, savent bien que dès que leurs maris affirment vouloir se charger du barbecue, voilà qui signifie immanquablement que dans les deux heures à venir et une bouteille de Ricard plus tard, la viande ne sera toujours pas cuite, mais que ces mêmes maris le seront, eux, cuits.
Morale de l’histoire ? Le barbecue est chose trop sérieuse pour être abandonnée aux mecs. Que celui de nos lecteurs n’ayant jamais enduré telle honte me jette la première brochette.
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