À qui la faute ?


Par Victor Hugo

Ce poème de Victor Hugo, qui fait référence à 1870, est tout à fait idoine par rapport à ce qui se passe ici et maintenant en France.



À qui la faute ?

À Qui la Faute ? est un poème de Victor Hugo (1802 – 1885) qui fait partie d’un recueil publié en 1872, intitulé L’Année Terrible. Cette année terrible, c’est bien sûr 1870, marquée par la guerre entre la France et la Prusse.
La Prusse domine le conflit lors de la terrible bataille de Sedan à l’issue de laquelle Napoléon III, fait prisonnier, est contraint à l’exil.

L’Année terrible est un recueil de poèmes de Victor Hugo publié en 1872. Il retrace l’année 1870-1871, durant laquelle la France voit, à la suite de la défaite de la France lors de la guerre contre la Prusse, le soulèvement de la classe ouvrière à Paris.

Cette œuvre poétique relate les événements liés à la guerre entre la France et la Prusse, conflit qui opposa le royaume de Prusse et les États coalisés allemands contre la France s’étant déroulé entre le 19 juillet 1870 et le 28 janvier 1871, puis les événements liés au soulèvement du 18 mars 1871 et à la Commune insurrectionnelle de Paris.

L’Année terrible est adaptée en 1985 par Claude Santelli en un téléfilm homonyme, diffusé sur TF1.
Il mélange documents d’archives, interviews et scènes reconstituées.


À qui la faute ?

– Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?
– Oui. J’ai mis le feu là.
– Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t’enseignent ainsi que l’aube éclaire un cloître
À mesure qu’il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi, comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
– Je ne sais pas lire.

Victor Hugo
À qui la faute ? L’Année terrible, 1872

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3 réponses à « À qui la faute ? »

  1. Avatar de francois
    francois

    poême que je ne connaissais pas, mais qui à toute sa place dans le monde d’aujourd’hui

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  2. Avatar de Toussaint Siméoni
    Toussaint Siméoni

    C’est vraiment une excellente trouvaille qui montre bien que la France brule depuis longtemps sauf que désormais elle est en fin de parcours. Les émeutes le démontrent face à une caste politique incapable de se remettre en cause et pire de voir la vérité : l’immigration n’est pas une chance pour la France ! Bien au contraire.

    J’aime

  3. Avatar de Margueritte
    Margueritte

    Quelle bonne idée que de publier ce poème de Victor Hugo qui nous ramène directement à notre société.

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