[Une prof en France]

Rien ne devrait changer dans nos écoles sauf le nivellement par le bas qui va encore s’accentuer.

Virginie Fontcalel

[Une prof en France]

J’ai entendu notre ministre parler, enfin, sur Europe 1, à l’occasion de la journée contre le harcèlement. Quelle conviction ! Quelle énergie ! Quelle fougue ! Je n’ai, en revanche, pas lu l’interview qu’elle a donnée dans le fameux journal d’analyse politique Elle, dans le cadre de cette même journée de prévention. Je ne sais pas s’il y aura une reprise synthétique dans le hors-série Elle Divinatoire, qui est en kiosque depuis peu avec son jeu de tarot « L’Oracle des anges »… Peut-être pourra-t-on prédire, grâce à lui, la durée de vie de notre ministre à la tête de nos bataillons ?

Qu’a-t-elle annoncé ? Plus de tout, et plus fermement, avec plus d’engagement, et plus d’efficacité. Well, well, well… L’élément phare, preuve incontestable que notre gouvernement ne s’en laisse pas compter et qu’il affronte les problèmes avec une détermination et un courage forçant l’admiration, est la généralisation des cours d’empathie. Ouf ! On avait peur qu’ils ne rouvrent les maisons de correction, qu’ils n’instaurent des travaux d’intérêt général, qu’ils n’inventent de nouvelles sanctions inédites. Mais non, la pensée bienveillante est sauve, les laxistes mous respirent, les pédagos se détendent : le pire que le harceleur risque est d’être transféré dans un autre établissement. Qu’ils tremblent ! Ils redoutent plus que tout de devoir aller nuire ailleurs. Cela va les recadrer, on ne peut en douter. Et on n’aura même pas à le faire, car ils auront été reprogrammés en amont grâce aux fameux cours d’empathie qu’ils auront reçus en primaire. Boucle vertueuse. Qui va s’en charger ? Les enseignants, bien évidemment. Ils n’avaient rien d’autre à faire. Il leur restait un trou entre le tri des ordures et la lutte contre la transphobie. D’aucuns diront que les enseignants qu’ils ont rencontrés n’étaient pas tous les champions des compétences psycho-sociales. Qu’à cela ne tienne, le ministre a la réponse. À la journaliste qui lui demandait si les enseignants seraient formés, elle a répondu : « Ils vont s’engager dans un processus d’auto-formation. » Donc, comme d’habitude, l’inénarrable « Débrouille-toi toi-même et forme-toi tout seul, l’État te fait confiance »…

C’est beau, la confiance. Depuis quelque temps, à chaque fois qu’ils lancent une réforme ou une idée, là-haut, ils nous font confiance pour l’appliquer, en étant créatifs et surtout autonomes. Mais en montrant patte blanche et en prouvant bien qu’on a débloqué du temps pour incarner leurs lubies inutiles dans des projets et propositions concrets. Dans le même temps, ils suppriment 4.000 postes pour nous motiver un peu et resserrer les rangs. Heureux sommes-nous d’avoir de tels chefs. Joseph de Maistre avait peut-être raison quand il affirmait que « toute nation a le gouvernement qu’elle mérite ».

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Boulevard Voltaire

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