Attaque au couteau de Nantes : la sidération


[Une prof en France]

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Temps de lecture = 3 minutes

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Ce qui devrait nous étonner, c’est la réaction des élèves qui sont restés spectateurs sans intervenir.

Attaque au couteau de Nantes : la sidération

Comment ne pas se poser mille questions, après le drame de Nantes ? J’ai écouté de nombreux commentateurs étudier les faits sous tous les angles. Malgré les différences d’idéologie, ils semblaient se retrouver sur quelques prérequis : l’école devrait être un sanctuaire, la jeune génération a une santé mentale fragile, les couteaux sont le nouveau problème à résoudre.

Un collège n’est pas une idée mais la concentration, en un lieu clos, de plusieurs centaines d’adolescents. Qui pourrait croire que ce puisse être un espace serein, dénué de tension et de violence ? Alors oui, l’école pourrait ceci, devrait cela. On peut faire des phrases et des théories ; on peut aussi récrire l’Histoire. Mais le réel est que l’école a toujours été un lieu de violence, un lieu où les passions et les émotions prennent une très grande place. Dans des sociétés dont le principe structurant était la maîtrise des émotions, parfois de manière extrêmement coercitive, on pouvait venir à bout des soubresauts adolescents. On le faisait le plus souvent au moyen d’une discipline de fer et de multiples sanctions, dont les si décriés châtiments corporels. Mais dans une société de la bienveillance et de la communication non violente, les choses sont plus compliquées. Donc, tant qu’on n’aura pas remplacé les élèves par des androïdes, l’école, en tant que pépinière d’humains, sera traversée par tous les défauts et les contradictions de l’humanité, au premier rang desquels l’appétence pour la violence. Elle ne peut pas être un lieu préservé : elle a toujours été le reflet des lignes de force qui sous-tendaient la société.

À ce sujet — Nantes : le jeune suspect de l’attaque au couteau est-il vraiment d’ultra-droite ?

En revanche, ce qui devrait nous étonner, c’est la réaction des élèves qui sont restés spectateurs sans intervenir. Repensons à La Société du spectacle, de Debord. De la même manière qu’ils assistent à nos cours avec la passivité et le détachement dont ils font preuve lorsqu’ils sont devant un écran, qu’ils se mettent sans cesse en scène dans des vidéos et consomment plus de divertissement que de vraie culture, ainsi ils ont assisté à une scène d’une violence terrible sans l’empêcher. Une classe de lycée, dans un établissement sous contrat, c’est entre 25 et 35 élèves réunis ayant, à disposition, diverses armes par destination : trousses, téléphones, manuels, classeurs, cahiers, chaises, tables… Mais ce sont autant d’individus isolés, non plus une communauté, non plus un groupe – une « société », au sens étymologique. On dénigre beaucoup ceux que l’on nommait encore, il y a peu, « les jeunes de cité », mais ils forment des communautés dans lesquelles subsistent solidarité et sens de l’honneur. Ces derniers ont déserté la plupart des salles de classe, car il ne suffit pas de faire les flammes ensemble sur Snapchat pour que cela crée une appartenance quelconque.

Ils ont regardé, ils n’ont pas agi. Ils ont regardé un spectacle. « L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit » : ils n’ont pas vécu dans le réel, là où l’on se définit pas les choix que l’on fait et les actes que l’on pose. Je laisse la conclusion à Debord : « Le spectacle est l’affirmation de l’apparence et l’affirmation de toute vie humaine comme simple apparence. »

Que la jeune fille bien réelle à qui l’on a ôté la vie repose en paix.

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3 réponses à « Attaque au couteau de Nantes : la sidération »

  1. Avatar de Le Redoutable
    Le Redoutable

    Que faire ? Lorsque nous lisons l’article de Virginie Fontcalel ,nous ne pouvons être que révolté contre cette engeance qui est responsable et coupable de cette insécurité permanente et récurrente qui nous impose de vivre sur nos gardes, ceci ,  depuis de longues et  nombreuses années. Je ne veux plus pardonner à nos gouvernants qui si mal gérés la France et mépriser le peuple. Ce que je ressens , c’est une totale aversion et perte de confiance envers  nos politiques élus, toujours timorés et laxistes qui ont peur de perdre leurs illégitimes  privilèges et leurs  émoluments trop juteux, surtout pour tout ce qu’ils n’ont  jamais eu le courage d’effectuer pour que les français soient protégés de ces 120 inacceptables attaques au couteau par jour contre des citoyens qui n’ont même pas le droit de se défendre.  Un soir, j’ai dû faire face à une attaque au couteau chez un ami restaurateur qui m’a demandé de le protéger contre deux barbares qui avaient trop bu d’alcool.  Au cours de cette agression , j’ai appris, à mes dépens , que si je n’avais pas été un expert en arts martiaux , j’aurai été davantage  blessé sur mon visage, ma poitrine  les doigts de mes mains et poignets . Depuis , plusieurs  cicatrices profondes  témoignent de cette attaque aux couteaux ( ils étaient deux agresseurs), après les avoir neutralisés, je dois avouer qu’ aujourd’hui, je serai probablement  incapable de faire face à une attaque semblable. Lorsque j’écoute un premier ministre qui n’a jamais vécu une agression au couteau et qui retire toute possibilité de se défendre à armes égales face à des sauvages , je considère qu’il est un personnage inutile et dangereux pour que les français vivent en France apaisés sans craindre de mourir injustement,  sans possibilité d’ obtenir justice, ce qui est encore plus grave .

    Comment ne pas détester cette engeance qui ne répond point à son devoir de servir le peuple  ? 

    Le Redoutable. 

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  2. Avatar de Marc Hassain
    Marc Hassain

    La lâcheté des gens face à ses criminels est quand même effarante. sans oublier la complicité médiatique trop favorable et qui favorise les drames et ces crimes barbares.

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  3. Avatar de Laurent Tapiro
    Laurent Tapiro

    c’est exactement ce que nous nous disions à propos de la non intervention des personnes présentes alors que l’on sait que le tueur a porté 57 coups de couteau à la victime, ce qui représente un temps supérieur à au moins une minute. c’est exactement ce que nous nous disions à propos de la non intervention des personnes présentes alors que l’on sait que le tueur a porté 57 coups de couteau à la victime, ce qui représente un temps supérieur à au moins une minute.L’indifférence est donc le vrai danger dans ce pays.

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