Par Richard Hanlet
🌠 🌠 🌠 🌠 🌠 🌠 🌠
Temps de lecture = 3 minutes
🌠 🌠 🌠 🌠 🌠 🌠 🌠
« Dites-moi ce dont vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer. » Coluche
[SANTÉ] Loi déserts médicaux : deux jours dans la vraie vie
Deux jours obligatoires par mois dans les déserts médicaux : le législateur a-t-il pensé aux conséquences pratiques ?
Les manifestations d’étudiants en médecine (les seuls, notons-le, qui rapportent de l’argent à l’État) n’y auront rien changé, le Sénat vient d’adopter une mesure que l’Assemblée confirmera probablement avec gourmandise : imposer aux médecins d’aller exercer « jusqu’à deux jours par mois » dans ce qu’ils appellent un désert médical, au risque d’une « pénalité financière […] de 1.000 euros par jour ».
Il faudra d’abord caractériser ces déserts, dont la majorité des Français constate qu’ils sont en réalité un peu partout. Il reviendra donc aux agences régionales de santé (ARS) de trouver la formule mathématique magique à douze paramètres par laquelle elles les définiront, tâche pour laquelle l’intelligence artificielle ne sera pas de trop.
Qui pour remplacer qui ?
Détail intéressant et fiction : le médecin expédié dans une plaine à corbeaux pourra se faire remplacer. Illustration avec le Dr Paul, installé à Glandage (Drôme). On lui impose d’aller travailler deux jours au Fion (Haute-Savoie). Pendant ce temps, Eusèbe peut le remplacer à Glandage. Une question vient immédiatement à l’esprit : pourquoi Eusèbe n’irait-il pas plutôt lui-même consulter directement au Fion ? Probablement trop simple… Et si Paul ne se fait pas remplacer à Glandage pendant qu’il est au Fion ? C’est simple : au grand ravissement de ses patients, il met « Faites le 15 » sur son répondeur pendant 48 heures.
Qui pour régler les notes de frais des réquisitionnés ?
Mais en réalité, plutôt que de Paul et Eusèbe, il faudrait parler d’Iris et Amandine, parce que la profession s’est extrêmement féminisée. Que feront ces jeunes femmes de leurs enfants, pendant leur relégation ? Embaucher des nounous ? Payées par qui ? Solution évidente : deux jours d’arrêt de travail à leur compagnon…
À ce sujet — [SANTE] Faudra-t-il renoncer aux médecins libéraux dans les déserts médicaux ?
Il faudra aussi que ces réquisitionnés se rendent sur les lieux de leurs futurs exploits. En voiture, peut-être, s’il ne s’agit pas d’une ZFE. Sinon, ce sera TGV, puis TER, puis autocar, avant de découvrir un sinistre Formule 1™ ou la chambre d’hôte du père Mathieu. On présentera une note de frais ?
Pour les zones élues par le système, il faudra aussi informer : « Avisss à la po-pu-la-tion ! Mardi et mercredi prochains, un médecin sera à votre disposition dans la salle de billard du Café du Commerce. » Mais avec quel matériel ? On ne sait.
Dernier problème : dès lors que vous êtes tenu d’effectuer une tâche, et que celui qui vous l’assigne peut vous sanctionner, un tel lien de subordination ajoute nécessairement à l’exercice libéral une forme de salariat et, donc, un contrat de travail. En l’occurrence, l’application d’une grille de salaire qui, appliquée à des bac+10, aurait de quoi faire couiner Bercy. Un beau combat pour les syndicats médicaux, tandis que l’Ordre se couchera comme d’habitude.
C’est un grand classique, les hommes de l’État créent une calamité, puis en inventent une seconde pour pallier la première. Mais quelque chose nous dit que celle-là n’est pas près de voir réellement le jour…

Copyright obligatoire en cas de citation ou de transmission de cet article, vous pouvez le copier :
Boulevard Voltaire

Nous aimons la liberté de publier : à vous de partager !
Ce texte est une Tribune Libre qui n’engage que son auteur et en aucun cas Observatoire du MENSONGE
L’article à lire absolument :
📺 📺 📺 📺 📺 📺 📺


















Ecrire ci-dessous votre commentaire, vous pouvez utiliser un pseudo.