Par Marc Baudriller
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Qatargate : opération coup d’éponge ! Circulez…
Ah, les bons apôtres. Ils n’ont rien fait. Innocents comme l’agneau, on vous dit. Vous vous souvenez du Qatargate ? C’était il y a trois ans pile. Une histoire rocambolesque, tellement révélatrice de ce qu’est l’Union européenne qu’elle ne pouvait pas demeurer en version originale. Elle a entamé sa mutation ; autant dire qu’on l’efface doucement. Opération coup d’éponge. Dormez, bonne gens ! Qu’on se le dise : le 9 décembre 2023, c’est simple, il ne s’est rien passé ! « Quelle que soit la décision de la Justice belge, on se demande pourquoi avoir déployé tant de moyens pour valider la thèse d’un réseau qui a pourtant toujours paru fragile », écrit Jean Quatremer, grand spécialiste de l’UE, dans un long article de Libération du 9 décembre 2025.
On aurait donc rêvé. À ce stade, un petit rappel des faits s’impose. Au printemps 2022, écrivions-nous dans BV, le 12 janvier 2023, une équipe de la Sûreté de l’État belge fait une irruption discrète au domicile de Pier Antonio Panzeri, 67 ans, député européen de 2004 à 2019, président de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen (2017-2019) et membre du parti européen S&D (Socialistes et Démocrates). Les policiers belges ouvrent des yeux ronds. « Sous le lit de la chambre, une valise de voyage noire à roulettes, révélait le grand quotidien belge Le Soir. Lorsque les agents ouvrent la fermeture Éclair™, ils trouvent quatre paquets emballés dans un sac en plastique rouge C&A et un cabas en plastique de l’enseigne Carrefour. Les colis contiennent pas moins de 7.601 billets de 50 euros, l’ensemble valant 380.050 euros. » Un peu plus loin, dans la garde-robe de Panzeri, un coffre-fort à serrure numérique recèle 320.000 euros supplémentaires. « Les agents photographient le magot et quittent les lieux, rien ne trahit leur visite inopinée. »
La vertu proclamée l’UE fait alors rire le monde entier
La police et l’enquête prendront leur temps. Le 9 décembre 2022, donc, « l’eurodéputée grecque Éva Kaïlí [en illustration, NDLR], alors vice-présidente du Parlement européen, est interpellée à son domicile bruxellois avec 150.000 euros cachés en petites coupures dans des bagages à main et des sacs de voyage, écrit le site Toute l’Europe, peu suspect de sentiments perfides envers l’UE. Son père, qu’elle a averti quelques instants plus tôt, est intercepté avec près de 500.000 euros alors qu’il tente de prendre la fuite. En tout, 1,5 million d’euros sont saisis ce jour-là par la police fédérale belge à l’occasion de 16 perquisitions. » Toute une bande très proche du PS européen tombe. Les soupçons de corruption et de conflits d’intérêts se bousculent, tout paraît noir sur blanc dans la presse officielle belge. La vertu proclamée de l’UE fait alors rire le monde entier. L’UE, à laquelle la France verse des milliards. L’UE, qui condamne Marine Le Pen parce que ses attachés parlementaires auraient travaillé pour la France ! L’UE qui tire l’oreille de Donald Trump, de Vance et de Musk. L’UE révèle, ce jour-là, une incroyable corruption venue, dit-on, de nos amis du Qatar et du Maroc. Une affaire explosive peut-être un peu trop voyante ?
Au fond, le problème est simple. Comme l’écrit Libé, « l’affaire fait le bonheur des critiques des institutions européennes et des europhobes ». Donc, il faut en finir avec « l’affaire ». Le système contre-attaque. L’UE s’occupe de poser un édredon épais sur cet épisode hénaurme.
À ce sujet — Qatargate : la France s’aplatit devant l’« ami » marocain
Le ton change très vite. On perçoit des bruits étranges. Des doutes, des suspicions, des démissions suspectes remplacent peu à peu l’horreur de la corruption. Aujourd’hui, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bruxelles débat de la légalité de cette enquête ! Les éléments présentés comme troublants laissent pantois : les enquêteurs belges auraient contacté en amont de la révélation des journalistes de Knack et du Soir, les deux grands journaux belges, qui ont révélé le coup de filet. Et, donc ? Donc, ce n’est pas bien. Pire que de courir avec des sacs de billets ? Des comptes rendus de réunion n’ont pas été rédigés. Bon. Des articles ont été relus par la police avant parution. Très très grave, bien sûr. La presse publie une photo d’illustration mise en scène présentant des sacs de billets ostensiblement siglés de l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) : pas de tromperie volontaire. Mais c’est louche, non ? Bien plus que le million et demi d’euros saisi par la police, on est d’accord.
Noyer le poisson
En 2023, le juge d’instruction Olivier Anciaux ouvre une enquête confiée à l’Inspection générale de la police fédérale. Elle porte sur… l’origine des fuites dans la presse ! Cette fois, c’est clair. Les suspects ne sont plus les porteurs de valises de billets. L’enquête traînait lamentablement ? Elle accélère. Les perquisitions se multiplient soudain chez… les policiers chargés de l’enquête ! Hugues Tasiaux, le patron de l’OCRC, est interpellé et placé sous contrôle judiciaire. Son adjoint est mis en garde à vue et auditionné.
Le fond du dossier part en eau de boudin. Selon Libé, on n’a pas réussi à mettre au jour une « organisation criminelle » ! Non ! « Les dossiers ouverts sur les personnalités marocaines et qataries qui auraient livré des fonds à Panzeri ont été classés, constate Jean Quatremer. Leur provenance reste indéterminée. » Ça, alors ! L’excellent Quatremer (sans doute l’un des meilleurs observateurs de l’Europe) ajoute que « les Justices grecque et italienne ont classé les poursuites ouvertes contre leurs ressortissants, faute de preuves fournies par la Belgique ». Tiens, donc ! Les magistrats ont été éparpillés et mutés. Fraude fiscale, blanchiment d’argent : pris la main dans le sac, les suspects tissent des mensonges complexes, nouent et dénouent des scenarii contradictoires et fumeux autour de l’origine de leurs valises de billets. On les prend très au sérieux, on fait semblant d’y croire, on noie le poisson.
Mais alors, pourquoi les policiers belges ont-ils monté toute cette histoire. Le chef de l’office anti-corruption cherchait la lumière, c’est tout. Répétez après moi : il ne s’est rien passé, le 9 décembre 2023. Rien du tout. Et dépêchez-vous d’oublier le Qatargate !

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Boulevard Voltaire

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