Assis sur un tas de ruines fumant, Emmanuel Macron propose de « bâtir ensemble » un « travail de civilisation » ? Si, plus modestement, nous tentions de sauver ce qu’il reste de la nôtre ?
Edito de Gabrielle Cluzel
Macron veut « bâtir » un « travail de civilisation » : si on sauvait déjà ce qu’il reste de la nôtre ?
Emmanuel Macron veut se lancer « dans un vrai travail de civilisation ». Rien que ça.
C’est ce qu’il a déclaré mercredi soir devant un millier de maires invités par l’Élysée à l’occasion du 104e Congrès des Maires de France. Il entendait ainsi répondre aux inquiétudes de certains, confirmées par une étude du CEVIFOP : le pourcentage de maires déclarant avoir été victimes de menaces verbales, d’injures ou d’insultes a fortement progressé.
« La violence s’installe dans nos sociétés. L’action que je compte conduire dans les prochaines années (…) est celle d’un combat profond contre ce qui ne doit pas être une fatalité, mais qui doit être un vrai travail de civilisation que nous avons à bâtir ensemble. » Si l’on manque de tout, dans ce pays, le culot, lui, coule à flots….
Et si la civilisation, comme l’écrit le Larousse, est « l’ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et matérielle d’un pays ou d’une société », force est de constater qu’il n’est pas un seul de ces points, on peut les égrainer – intellectuel, artistique, moral, social, matériel – qui n’ait été consciencieusement détricoté depuis 50 ans, avec une accélération durant le règne d’Emmanuel Macron, comme si l’on arrivait au bout de la pelote.
« La vérité cruelle est que notre civilisation s’effondre. Elle a duré 1500 ans. », constatait Michel Onfray dans Conversations françaises (Les éditions du Cerf, 2016). Le modus operandi est varié, les outils sont multiples : coups de burin, dissolution, déshérence… la cancel culture peut être passive ou active – l’absence d’entretien en est aussi une forme soft. On appelle parfois la destruction « déconstruction », pour reprendre le mot de la french Theory et de Jacques Derrida, mais, entre les deux, il n’y a qu’une différence de chronomètre.
« La décadence est la grande minute où une civilisation devient exquise », écrivait Jean Cocteau. L’ensauvagement est la minute d’après, quand, la boucle étant bouclée, la civilisation exquise mouchée par la décadence comme une une bougie tremblotante, la loi du plus fort reprend ses droits. La violence ne « s’installe » pas dans notre société, elle y a déjà repris ses droits, comme la mauvaise herbe dans un jardin à la française déserté.
La définition lapidaire qu’a donnée Emmanuel Macron de la colonisation durant sa première campagne électorale est devenue célèbre : « un crime contre l’Humanité ». A-t-on a assez fustigé la mission civilisatrice dont se sentaient investis les « colonisateurs ». Pourtant, aujourd’hui, que viennent chercher les migrants chez nous, sinon la paix, la prospérité, bref les conditions de vie – ou les vestiges qu’il en reste – bien préférables à celles qu’ils ont connues chez eux, dans leur modèle de société, pétri par leur civilisation. La nôtre est la pire, comme disait Churchill de la démocratie, à l’exclusion de toutes les autres. Il aurait fallu le reconnaître, et la protéger quand il était encore temps.
Assis sur un tas de ruines fumant, Emmanuel Macron propose de « bâtir ensemble » un « travail de civilisation » ? Si, plus modestement, nous tentions de sauver ce qu’il reste de la nôtre ?

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