La Ville-lumière s’éteint petit à petit sous le joug de Notre-Drame de Paris !
Par Iris Bridier
La tour Eiffel en lumière, un joli banc public vert au milieu d’un jardin à la française à faire pâlir d’émoi tous les visiteurs de Central Park, une fontaine Wallace, les toits de Paris depuis Montmartre, le tout visité en talons hauts, les cheveux au vent sous une ombrelle colorée et un béret carmin comme son rouge à lèvres so cute… c’est le décor charmant et délicieusement cliché des derniers épisodes d’Emily in Paris, série à succès diffusée sur Netflix.
Que penser de cette image de carte postale de notre ville capitale, qui n’a rien à envier aux films à succès dont la Ville Lumière, plus qu’un fond de scène, est la véritable héroïne ? Pensons à Midnight in Paris, de Woody Allen, du Monstre à Paris ou du célébrissime Ratatouille, sans oublier l’emblématique Amélie Poulain dont les Américains ont fait pour longtemps le visage, le sourire et le charme d’une France couleur sépia qu’on adore, comme dans les pubs Dior, elles aussi aux couleurs de Paris, garder dans son écrin rêvé.
Force est de constater que, si l’on veut que Paris reste une fête, comme l’a si bien décrite l’Américain Hemingway, les habits du rêve seront moins réalistes mais plus charmeurs que ceux de la réalité… Mieux vaut que nos cousins d’Amérique demeurent sagement derrière leur écran télé et que jamais ils ne viennent vérifier si l’élégance parisienne dégagée par la pétillante Emily est bien au rendez-vous… Ils découvriraient alors (les pauvres !) qu’Emily est Cendrillon et Paris non pas un rutilant carrosse mais une citrouille qui peine à pousser dans les éco-jardins participatifs qui se frayent un chemin entre les voies cyclables immenses, les palettes de chantier à chaque rond-point, les camps de migrants façon Woodstock, les collines du crack où errent les zombies. De quoi alimenter de nombreuses fictions télévisées, du suspense à l’horreur, de l’épouvante au comique, sauf que contrairement à la série d’Emily, rien de romantique ni de romancé : c’est bien la triste vérité.
Amis ricains, voyez comme nous ne sommes pas chauvins : la plus belle image de Paris, c’est vous qui la possédez. Conservez-la précieusement, entretenez-la et diffusez-nous l’image oubliée de ce Paris d’antan. Mais, de grâce, ne venez pas ici constater les dégâts : la statue de la Liberté en aurait le bras qui tombe et vous ne voudriez plus jamais que nos galeries s’appellent Lafayette. La réalité, la voici, il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants : Notre-Dame de Paris a perdu sa flèche, c’est Anne Hidalgo, Notre-Drame de Paris, qui lui a succédé. On n’y circule plus pour mieux y respirer. Sauf qu’on n’y respire plus parce qu’on n’y circule plus ! Les Chinois découvrent ahuris, entre Charles-de-Gaulle et le Louvre, les paysages détruits et les regards hagards d’une surpopulation entassée, remplacée, hébétée. Les supporters anglais, dénoncés par nos ministres, se font voler leurs places aux entrées du Stade de France, pas certains de revenir pour les Jeux olympiques qui approchent. À chaque grève, on bat le pavé sous lequel poussent les plantes, les vélos-cargos laissent passer les bobos sur les passages-piétons aux couleurs arc-en-ciel, les quais sont rendus à la nature sauvage, plus sauvage que nature, quand s’éteignent les réverbères au nom de l’urgence climatique. Le seul problème, c’est qu’à mesure que la (Ville) lumière décline, c’est le crime qui s’épanouit. Inutile de se rappeler la French Revolution sur la sublime place de la Concorde pour imaginer les têtes tomber, il suffit de se rendre aux Buttes-Chaumont, dans ces parcs urbains si choyés, pour découvrir en plein mois de février un corps démembré.
Toute la créativité de Netflix ne suffirait sans doute pas à imaginer ni à décrire sous tous les angles ce qu’est devenu Paris aux mains de ceux qui l’ont abandonné. Ratatouille n’est plus qu’un rat d’égout et il n’est pas seul à rôder. Merci, Emily, de nous garder un peu de notre Paris aimé. Qui sait, peut-être un jour, c’est parce que tu n’auras cessé de l’aimer que nous retrouverons, nous aussi, notre Paris chéri. Alors, nous dirons en foule, le drapeau à la main, descendant les Champs-Élysées : Paris négligé, Paris saccagé, mais Paris libéré !

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Boulevard Voltaire

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