Motion de rejet préalable du projet de loi immigration, un séisme politique


Cet événement marque sans doute un tournant politique dans le quinquennat pour plusieurs raisons.

Par Maxime Tandonnet



Motion de rejet préalable du projet de loi immigration, un séisme politique

Parmi les arguments destinés à dénigrer l’adoption de la motion de rejet, il est particulièrement dérisoire de fulminer contre le vote commun de forces politiques au prétexte qu’elles n’envisagent pas de gouverner ensemble, (le RN, LR et les Verts) : 

de fait, plusieurs partis politiques dont les députés, régulièrement élus ayant toute légitimité pour représenter la Nation, se sont entendus pour combattre un projet qu’ils désapprouvaient pour des raisons diverses, formant ainsi une alliance de circonstance. Un tel scénario est parfaitement compatible avec les traditions et les valeurs de la démocratie parlementaire dès lors que le Parlement a aussi pour mission de contrôler et de sanctionner un gouvernement. Quant à l’accusation de « refuser le débat », elle détonne au regard du recours fréquent de l’exécutif à l’article 49-3 (à 20 reprises en un an) et d’autres outils constitutionnels destiné à abréger les discussions (à l’image de la réforme des retraites pour laquelle l’exécutif à utilisé tous les artifices de procédure à cette fin, en particulier les articles 40, 47, 49-3).


Ensuite, cet événement marque sans doute un tournant politique dans le quinquennat pour plusieurs raisons:

  • En mettant fin au tabou d’un vote commun à des forces diverses qui (répétons-le) sont formées de députés régulièrement élus et donc tous dépositaires d’une part de la légitimité démocratique, l’adoption de cette motion de rejet souligne que désormais, le gouvernement, extrêmement fragilisé, n’est plus à l’abri d’une motion de censure.
  • La motion de rejet, sur un sujet aussi fondamental, enterre l’idée d’une coalition commune de LR et des partis macronistes qui permettrait au pouvoir de reconstituer, par des combinaisons de couloir, une majorité absolue dont la Nation n’a pas voulu en juin 2022. C’est une victoire pour les partisans d’une droite fermement ancrée dans l’opposition et une lourde défaite pour le camp du ralliement à la majorité présidentielle. 
  • Cette motion de défiance est un désaveu du macronisme et de son emblématique « en même temps ». Le projet de loi ouvrait la voie d’une large régularisation « de plein droit » pour contenter la gauche tout en affichant quelques mesures destinées à la lutte contre l’immigration illégale pour rassurer la droite: le Parlement vient de balayer cette contradiction. 
  • Cette motion de défiance est révélatrice des tensions internes à l’exécutif. L’absence de la Première ministre à l’AN sur un vote de cette importance est significative. Elle montre ainsi la fragilité d’un gouvernement désormais probablement en sursis. 
  • Elle souligne l’impasse phénoménale de la politique française: un président isolé, un gouvernement de plus en plus réduit à l’impuissance et l’épuisement accéléré du macronisme.
  • Elle affaiblit un mode de gouvernement d’inspiration césariste en opérant de fait un rééquilibrage du pouvoir en faveur du parlement dont on peut concevoir qu’il sera durable. Ce vote est aussi celui d’une réaction contre les humiliations et le mépris qui reflète, au-delà du parlement, une exaspération populaire. La représentation nationale a cette fois-ci remplit sa mission de représentation de la Nation. 
  • Cette situation sans précédent ne pourrait trouver d’issue que dans un réflexe d’homme d’Etat: le recours au peuple par la dissolution de l’AN ou un référendum engageant la poursuite du mandat présidentiel. Mais hélas, l’incapacité à décider, à choisir, à prendre un risque personnel est l’une des caractéristiques de l’époque.
    La préférence pour l’incruste à n’importe quel prix, notamment celui pourrissement sur les 3,5 ans qu’il reste du quinquennat, finira toujours par prévaloir sur l’intérêt du pays. Saut énorme surprise… 

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d’histoire…
Copyright obligatoire en cas de citation ou de transmission de cet article, vous pouvez le copier: Maxime Tandonnet pour Maxime Tandonnet – Mon blog personnel

Nous aimons la liberté de publier : à vous de partager ! Ce texte est une Tribune Libre qui n’engage que son auteur donc en aucun cas Observatoire du MENSONGE

Article(s) à lire :

Dans la nuit barbare
« C’est une tragédie qui nous concerne tous et qui hypothèque lourdement notre avenir »
Après cette barbarie, l’idéologie n’a plus lieu d’être !
https://observatoiredumensonge.com/2023/10/09/dans-la-nuit-barbare/

2 réponses à « Motion de rejet préalable du projet de loi immigration, un séisme politique »

  1. Avatar de Damien Boyer
    Damien Boyer

    Le texte proposé étant vide et sans envergure, le rejeter n’apporte pas grand chose au fait que presque tous les élus soutiennent finalement l’immigration massive et dangereuse contre la France. Pensez-y au moment de voter !

    J’aime

  2. Avatar de Jean Castaing
    Jean Castaing

    Excellente analyse sauf qu’il s’agit là d’une mascarade, histoire d’amuser le bon peuple tandis que la loi bidon, une de plus sera votée en bonne et due forme par des élus très peu soucieux de leurs électeurs

    J’aime

Ecrire ci-dessous votre commentaire, vous pouvez utiliser un pseudo.

Recherche


N’hésitez plus ! Soutenez-nous avec un abonnement à 2 € par mois
et c’est 100% sécurisé


Abonnez-vous
Gratuitement :


Nous soutenir

Translate our website into your language by clicking here.

Traduire le site dans la langue de votre choix et cliquer ICI

N’hésitez plus ! Soutenez-nous avec un abonnement à 2 € par mois
et c’est 100% sécurisé

En savoir plus sur Observatoire du MENSONGE

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture