Le covoiturage, en toute sécurité ?


Par Marie d’Armagnac



Le covoiturage, en toute sécurité ?

Pratique répandue pour les Français soucieux de soulager leur portefeuille ou de contourner les désormais traditionnelles grèves de la SNCF surtout en période de vacances scolaires, l’usage du covoiturage n’est pas toujours sans risque, à l’image de la montée de la violence systémique qui traverse la société française, à la ville comme à la campagne.

Ainsi, le 18 janvier 2022, relate Guillaume Poingt dans les colonnes du Figaro, une jeune étudiante de 22 ans, qui avait réservé une place dans un BlaBlaCar pour aller de Toulouse à Clermont-Ferrand afin de rejoindre ses parents, s’est fait très violemment agresser. Ce soir-là, le conducteur a dévié du parcours initialement prévu, s’est arrêté près du village de Vigeois en Corrèze, a violé la malheureuse jeune femme puis l’a laissée sur le bord de la route. L’agresseur a été arrêté deux jours plus tard près d’Agen, il était connu des services de police. En effet, déjà condamné à quinze reprises, Redouane Er Rachdy avait été reconnu coupable de vols et violences aggravés, conduite sans permis, refus d’obtempérer, délit de fuite, consommation de stupéfiants, incendie d’une voiture, outrage à personne chargée d’une mission de service public, escroquerie ou encore abus de confiance.


L’enquête de police a mis en lumière un fait étonnant, vu l’importance de la plate-forme BlaBlaCar qui compte 100 millions de membres dans le monde (22 pays), 20 millions en France, dont 27 % ont entre 18 et 24 ans : seuls les papiers d’identité, le permis de conduire et l’attestation d’assurance sont demandés aux conducteurs. Pas le casier judiciaire.

Si cela avait été fait, la jeune femme n’aurait jamais subi un tel calvaire.

À ce sujet — [POINT DE VUE] SNCF : à nous de vous faire détester le train

À l’ouverture du procès, la victime a témoigné de ce cauchemar vécu deux ans auparavant, raconte Guillaume Poingt, présent à l’audience au tribunal de Tulle : « Il m’a attrapée par le cou avec ses deux mains et m’a étranglée jusqu’à ce que je ne puisse plus respirer […] Il m’a dit qu’il avait un couteau, qu’il allait m’égorger et qu’il n’avait rien à perdre. » On passe ici les détails d’une agression profondément traumatisante, dont la victime ne se remet pas. Son avocat explique d’ailleurs qu’« avant ce 18 janvier, Julie était une jeune fille volontaire, déterminée… Elle menait une vie paisible d’étudiante. L’insouciance, elle l’a perdue cette nuit-là. C’est tout un monde qui vacille, des parents qui vacillent, un frère qui change, son rapport à l’homme qui change, des cauchemars. […] Sa prise de risque a été de réserver une voiture BlaBlaCar. »

Au-delà, bien sûr, de la plate-forme BlaBlaCar, pratique et économique, utilisée en grande partie par ceux qui ne peuvent pas faire autrement, c’est évidemment la dangerosité de la société française qui apparaît ici.

En 2016, une enquête du journal Le Monde raconte la « mésaventure » d’un étudiant qui, pour aider à financer son trajet Paris-Toulouse, prend en charge plusieurs voyageurs. Lors d’une pause sur une aire d’autoroute près de Limoges, des policiers contrôlent sa voiture, une valise contenant 10 kg de cannabis est saisie. Valeur : environ 100.000 euros. Au procès, l’accusé, sans vergogne aucune, reproche à ses covoiturés (deux étudiants) leur… look : « La fille avec son chapeau mexicain, lui avec sa guitare, on a eu l’air de fumeurs de shit et les douaniers nous sont tombés dessus, alors que j’avais fait exprès de prendre un BlaBlaCar pour être plus discret. » Où va donc se nicher le délit de faciès !

Là, c’est encore un couple franco-italien qui prend en charge deux voyageurs pour un trajet ralliant l’Italie depuis la banlieue parisienne. Le couple n’imagine pas un instant que c’est pour eux le voyage de tous les dangers : arrivés à la frontière, ils réalisent que leurs passagers, un Marocain et un Ivoirien, sont clandestins et donc bien en peine de présenter des papiers. La sanction tombe alors sur… le conducteur, condamné à 24.000 euros d’amende et neuf mois de prison avec sursis. Il aurait dû s’assurer que ses passagers avaient des papiers. Et le journaliste de Francetvinfo de conclure, en guise d’épilogue : « Précaution indispensable lorsque vous avez recours à ce genre de service : bien lire les conditions d’utilisation, propres à chaque plate-forme. » Sans rire.

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2 réponses à « Le covoiturage, en toute sécurité ? »

  1. Avatar de Joseph Vasseur
    Joseph Vasseur

    Il n’y a pas que le covoiturage, il y a les VTC si chers au président Macron où les agressions se sont multipliées notamment sur Paris et sa périphérie et ce en toute impunité. C’est que chez ces gens-là, il ne faut pas être raciste et donc refuser la réalité.

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  2. Avatar de Ejnar Jünger
    Ejnar Jünger

    Quand on est une jeune fille de vingt deux ans, on ne monte pas en voiture avec un Redouane Er Rachdy. Quand les Français (et surtout les Françaises) vont-ils comprendre à qui ils ont affaire?

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