Le Chêne et le Roseau


[Une prof en France]

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Le Chêne et le Roseau

Je parle de la grande danse de la carpette que nos directeurs font devant quelques parents revendicatifs.

Allez, voilà, le cirque commence.
Je ne parle pas de la formation du gouvernement. Je ne parle pas des errances de notre diplomatie. Non. À ma toute petite échelle de petit professeur du petit collège d’une petite ville de province, je parle de la grande danse de la carpette que nos directeurs font devant quelques parents revendicatifs.

J’ai en effet trouvé vendredi, dans ma boîte professionnelle, un petit mot de mon principal. Je vous le livre tel quel : « J’ai reçu un message de la part d’un parent d’élève qui m’informe que vous tiendriez des propos totalement proscrits dans le cadre d’un représentant de l’État et indigne de la part d’un enseignant de la fonction publique.
Aussi, je souhaiterais évoquer cette situation avec vous pour avoir votre version sur ces allégations.
Je vous demande de vous présenter à mon bureau le lundi 13 octobre à 10h00 à mon bureau. »

Bien évidemment je suis fort agacée.

La première chose qui m’agace est qu’un petit homme incapable d’écrire trois phrases en français correct et devant mettre une phrase en gras pour renforcer le ton comminatoire de son propos soit mon supérieur hiérarchique et ait de l’autorité sur moi. Je ne suis pas naïve au point d’imaginer que la supériorité hiérarchique, dans quelque structure que ce soit, soit corrélée à un quelconque surplus de compétences, mais les claques répétées que nous donne le réel pour nous rappeler son existence et ses dysfonctionnements sont toujours pénibles.

La deuxième chose qui m’agace est que la parole des parents diffamants soit reçue telle quelle par la direction et qu’on nous demande systématiquement, à nous, de nous justifier, comme si en 25 ans de carrière dans l’Éducation nationale nous n’avions pas une conscience assez précise de ce que l’on peut dire en classe et de ce que l’on doit éviter de dire. Chacun d’entre nous, qu’il adhère à la doxa dominante ou non, pourrait contribuer à un dictionnaire « français réel – langage de prof », rempli de bienveillance, d’euphémismes et d’autocensure. C’est le manuel de survie de base.

À ce sujet — Bal tragique des cocus à l’Élysée : un mort…

La troisième chose qui m’agace est que je vais devoir passer devant le tribunal du Politbüro en plein milieu de six heures de cours avec ces petits chéris-bibis, avec lesquels je devrai rester souriante et rassurante alors même que l’un d’eux a fabriqué le psychodrame dans lequel mon directeur et son adjointe se sont enferrés.

Je me demande quand même comment on peut s’aveugler au point de penser que nos élèves soient en mesure de rapporter de façon fiable les propos d’un professeur… Eux qui ne savent absolument pas qui est Molière (2 réponses sur 20 à cette question, lors du contrôle) alors que nous en parlons depuis un mois et demi ; eux qui, après six semaines passées sur l’Odyssée, écrivent : « Ulyse est très intiligent. Ulyse est aimet par beaucoup de gens. Ulysse est doux est au combat »« Les caractéristique peut être comme : imense, plusieurs ou un seul oeil ou monbre de corp »« Les Muses sont instrument de guerres »« Le cyclope ai monstrueux à son visage et moralment aussi », et donc, en résumé, le Cyclope est « cruelle il na 1 neille ».

Un de ces élèves a considéré des propos que j’aurais tenus en classe, dont il a évidemment perçu non seulement le sens, mais aussi les nuances, l’intention et la portée, comme « indignes d’un représentant de la fonction publique », et notre directeur me convoque illico presto… Cela ressemble à une farce. Est-ce celui qui a dit, la semaine dernière, à sa voisine « ferme ta chatte » ou celui qui a proposé à ma collègue d’espagnol, en début de semaine, de « la lui mettre dans la bouche » ?

N’avions-nous pas entendu nos ministres – je ne sais plus lesquels, tant la valse est rapide – répéter inlassablement leur soutien indéfectible aux enseignants et redire à quel point la nation leur faisait confiance et était derrière eux ?

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Boulevard Voltaire

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3 réponses à « Le Chêne et le Roseau »

  1. Avatar de Le Redoutable
    Le Redoutable

    Après avoir vécu les événements de mai 1968 . Plusieurs années après j’ai eu l’opportunité de m’ entretenir avec plusieurs gouvernants, notamment, les ministres Edgard Faure et Alice Saunier Seïté ministre des Universités. Les nouvelles décisions éducatives allaient dans le sens de la majorité de tous les élèves étudiants qui ne voulaient plus se fatiguer à devoir travailler comme des bêtes que nous avions été entre 1945 et 1968. En ce temps là, nous avons accepté la sélection par de nombreux classements, examens et concours durant notre scolarité, Ce temps a disparu, nos gouvernants politiques ont supprimé les devoirs et leçons en dehors de l’école. Il était inéluctable que le niveau général de nos étudiants ne pouvait que diminuer.
    Tous nos successifs gouvernants et dirigeants en tout genre, grade et qualité ne pensant qu’ à se maintenir à leur poste, ils se sont soumis à la pensée unique de soumission exigée par les élèves.
    Dès leur entrée en classe, la question suivante leur était posée:  » Que voulez-vous étudier aujourd’hui ? Les profs descendus de leur estrade avaient l’ordre de se soumettre pour éviter  » toute vague.  » Ils se devaient de respecter les envies de leurs élèves. Cette méthode a été appliquée à mes enfants durant toute leur scolarité. Ils ont souffert, en outre, de l’absence récurrente d’une professeure de mathématiques. Il en a résulté que son absence durant la moitié de l’année scolaire, sans jamais avoir été remplacée , il était inévitable que de nombreux maillons de la chaîne manquants, cette année là, leur chance de réussite en cette matière vitale, comme toutes celles programmées allaient poser problème et contrarier leur avenir.
    Pour information, je n’ai jamais connu un seul de mes professeurs manquer un cours, ceci, durant mes quinze années et plus d’études.
    Voilà Madame Virginie Fontcalel pourquoi j’étais diplômé ingénieur
    d’ état à l’age de dix-neuf ans et que je parlais déjà sept langues étrangères . Rien d’extraordinaire , seul les valeurs de respect envers tous mes maîtres, un travail intensif exigé avec interrogations écrites dès notre entrée à chaque cours, ceci, dans la discipline, et un silence rigoureux.
    Tel a été ma vie d’étudiant pendant 65 heures par semaine. De mon temps où j’étais étudiant , Madame Fontcalel. À cette époque l’élève rebelle ( deux en sept ans) qui osait contester la décision d’un professeur recevait un blâme et s’il récidivait, il était exclu de cette grande école qui sélectionnait ses futurs étudiants suite à un difficile concours d’entrée. En effet, plus d’un millier de candidats concourraient, seulement une trentaine d’entre eux étaient reçus.
    Ensuite, 100 % d’entre eux réussissaient tous les examens et ils étaient attendus dans la vie active partout. Malheureusement, la crise de mai 68 a été le point de départ de la mort de notre Éducation nationale, et nous sommes devenus les victimes de l’apocalypse scolaire.
    Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur, soit l’individualisme règne, ou le communautarisme.
    Soit, nous renonçons par faiblesse et lâcheté, et nous perdrons.
    Ou bien nous retrouvons la volonté politique en redevenant les courageux acteurs de notre résurrection en réformant nos Institutions, et nous retrouverons la stabilité, la discipline avec les valeurs qui ont construit la France.
    Vaste programme. Mais cela en vaut la peine.

    À bon entendeur.

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  2. Avatar de Sydney Farrow
    Sydney Farrow

    Ce qui a tué l’enseignement en France dans l’ordre :
    La lâcheté générale, celle des parents en particulier, l’idéologie malsaine qui régente tout et bien sûr les écoles et lycées avec un corps enseignement politisé et veule.

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  3. Avatar de Jean-Luc Saviem
    Jean-Luc Saviem

    Que dire de plus ? Sinon que la France connait un effondrement total tant moral que financier avec ces politiciens incapables de faire correctement les choses, et un président vraiment abject et dangereux pour les Français.

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