La Tunisie est à la fois un grand vivier de djihadistes et l’avant-poste de la résistance à l’islamisme radical.


«Terrorisme islamiste: le paradoxe de la Tunisie»
Par Sonia Mabrouk
Quel paradoxe! La Tunisie, autrefois citée en exemple pour être à l’avant-garde du monde arabo-musulman, est considérée aujourd’hui comme le foyer du terrorisme islamiste. Comment ce petit pays d’Afrique du Nord qui tente envers et contre tout de sauver sa «révolution» est-il devenu le principal fournisseur d’extrémistes? La réponse est dans la question. La Tunisie est le premier exportateur de djihadistes car elle tente de réussir sa transition démocratique. Les terroristes de Daech détestent ce pays et ce qu’il représente, en matière de droit des femmes, d’avancées constitutionnelles et politiques. Ils en font, avec l’Europe, l’une de leurs principales cibles.
Les attentats de Nice et de Berlin, commis par deux terroristes tunisiens, ont ensanglanté la France et l’Allemagne. Ils ont aussi précipité la Tunisie sur une pente mortifère. Déjà ébranlé par de nombreux attentats et affaibli par le chaos libyen, le pays connaît une situation économique et sociale qui ne cesse d’empirer. Ce contexte est l’un des carburants du djihadisme. La Tunisie est ainsi devenue le fournisseur mondial de recrues droguées à l’idéologie salafiste. Face à ce fléau, prenons tous nos responsabilités.
Il y a eu une banalisation coupable du salafisme en Europe et en Tunisie
Il y a eu une banalisation coupable du salafisme en Europe et en Tunisie. Nous n’avons pas fini d’en subir le contrecoup. Arrêtons de trouver des nuances dans les différentes formes de ce courant ultra-rigoriste. Il représente aujourd’hui une passerelle vers le djihadisme. La barrière est devenue trop poreuse pour s’encombrer de précautions de langage. Ceux qui ont fermé les yeux pour s’acheter une paix électorale nous ont conduits droit vers le précipice. Le poison se répand depuis des années dans les veines de nos pays.
Cessons aussi de brandir l’excuse toute trouvée de l’«islamophobie» pour ne pas réagir. C’est devenu le slogan politique et démagogique d’une bien-pensance en perte de repères. Ceux qui affirment qu’il n’y a aucun problème avec l’islam ne nous rendent pas service. Nul besoin de les citer. Tous les idiots utiles se reconnaîtront.
La barbarie djihadiste s’est drapée dans notre religion. Aux musulmans, et j’en fais partie, de mener un profond travail dans le but de faire échouer cet islam dévoyé qui n’est pas le nôtre. Pourquoi insulter celles et ceux qui demandent cette introspection? Nous ne sommes pas les fossoyeurs de la religion. Au contraire, nous sommes son assurance-vie en quelque sorte. L’islam ne pourra s’épanouir dans la République qu’en passant par un examen de conscience indispensable.
Toutefois, s’il faut regarder la réalité en face, il ne s’agit pas seulement d’insister sur le côté sombre. À nous, journalistes, de relever ce défi. Notre responsabilité est grande. Informer, c’est donner toutes les nuances du tableau devant nous. Ainsi, j’ai regretté que nous ayons si peu parlé, pour ne pas dire pas du tout, d’un épisode révélateur qui s’est déroulé le 31 août dernier à Kasserine en Tunisie.
Des deux côtés de la Méditerranée, nos destins sont liés.
Ce jour-là, des djihadistes retranchés au mont Selloum ont voulu prendre possession d’une cité de la ville. Lourdement armés, certains d’entre eux se sont retranchés dans les maisons des habitants. Les terroristes ont cherché à s’approvisionner et à enrôler la population pour la rallier à leur cause. C’était sans compter sur le courage des citoyens et surtout des citoyennes de cette région. Les femmes de ce petit bourg appelé «Hay el-Karma» sont sorties pour chasser les djihadistes. Aux cris de «Tahya Tounes» (Vive la Tunisie) et «Irhèb dégage» (Dégage terrorisme), elles ont défié les djihadistes, finalement abattus par l’armée. Cet épisode est révélateur du combat que mènent les Tunisiens, quotidiennement, contre le terrorisme.
Le symbole des femmes de Kasserine ne fera l’objet d’aucun sujet ou reportage dans les journaux télévisés. Ces femmes ne sont ni journalistes, ni auteures, ni intellectuelles. Elles n’ont aucune influence et ne font partie d’aucune sphère de pouvoir. Leur message ne sera pas relayé. Je le fais modestement ici.
Des deux côtés de la Méditerranée, nos destins sont liés. Inextricablement. La proximité géographique et culturelle entre l’Europe et l’Afrique du Nord rend indissociable l’avenir des différents pays de cette région. Les terroristes ciblent l’Europe et veulent aussi faire échouer l’expérience tunisienne. C’est en leur opposant un combat et une vision commune que nous ferons échouer leur funeste dessein. Cela prendra probablement des années. Pour y arriver, je le répète, prenons tous nos responsabilités.
Sonia Mabrouk
Sonia Mabrouk, journaliste à Public Sénat et à Europe 1, est cofondatrice de l’Association des Musées de la Méditerranée en faveur du dialogue des cultures.
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