La révolte gagne les peuples contre les mandarins d’un système éculé
Les idées neuves de la France insoumise
Par IVAN RIOUFOL
Donald Trump n’a pas le monopole des rodomontades. Le candidat à l’élection américaine est certes d’une incommodante vulgarité quand il lance à Hillary Clinton, lundi : « Il est temps que le pays soit dirigé par quelqu’un qui connaisse l’argent. » Cependant, Alain Juppé ne vaut guère mieux quand, déplorant « la nullité du débat politique » en France, il se flatte d’être « le seul qui peut battre largement Marine Le Pen » (Le Monde, samedi), faisant du populisme l’ennemi de la nation. En fait, une même absence d’idées neuves s’observe des deux côtés de l’Atlantique. « Je souhaite la victoire d’Hillary Clinton », renchérit Nicolas Sarkozy (Europe 1, lundi), en tirant sa révérence au politiquement correct, comme il sied dans les salons. La vacuité des professionnels de la politique rejoint celle des porte-voix improvisés de la colère populaire. Le conformisme des anti-Trump vaut son propre amateurisme.
Le dégoût des peuples pour la classe politique égoïste est un sentiment partagé aux États-Unis et en Europe. Le rejet annonce des bouleversements démocratiques. « Une véritable “armée” s’est levée à travers les provinces d’Amérique, à la stupéfaction des élites prises de panique », note la journaliste Laure Mandeville (1). Une même rébellion se retrouve en France chez les abandonnés de la mondialisation. Le géographe Christophe Guilluy le confirme (2) : « Les classes populaires ont brisé leurs chaînes, celles des appartenances politiques traditionnelles, et refusent désormais le magistère de la classe politique et culturelle. » Ce que les « élites » effrayées désignent sous un répulsif « populisme » est la montée en puissance de la révolution conservatrice : elle veut en finir avec les adeptes du déracinement qui monopolisent les pouvoirs. Reste à mettre du contenu dans des têtes vides.
Se contenter de traiter Trump d’imbécile, de raciste ou de fasciste, comme le fait l’unanimisme médiatique, revient à accompagner l’hébétude qui a gagné les mandarins en sursis. L’imprévisible milliardaire n’a pas brillé dans son face-à-face avec son adversaire impeccablement rodée. Deux autres rencontres suivront. Néanmoins, rien ne dit que l’électeur en rupture avec l’establishment lui tienne rigueur de sa piètre prestation face à une professionnelle aguerrie. Pour la classe moyenne, Hillary Clinton appartient à une autre planète, factice, hors-sol, méprisante. La candidate démocrate n’a cessé, lundi, de donner du « Donald » tandis que Trump s’adressait à « Madame la secrétaire (d’État) ». Avec elle sont récusées les élites ultralibérales de Washington et de Wall Street.
Cette grande révolte de l’Amérique déclassée annonce celle de la France oubliée. Le mouvement, venu des profondeurs de sociétés dépolitisées, dépasse Trump et ses lacunes. Si le provocateur ne laisse pas voir une sérieuse élaboration doctrinale, ses intuitions sur la crise démocratique restent remarquables. Elles font défaut à ceux qui, en France, préfèrent dauber sur sa mégalomanie sans prendre la peine de comprendre les ressorts de l’insurrection. Quand les républicains font de Marine Le Pen leur Trump à abattre, ils s’épargnent de s’aventurer au-delà des figures imposées. Aussi est-ce à la société civile, qui pousse en avant les empêcheurs de penser en rond, d’alimenter en matière grise. Les citoyens doivent s’emparer des débats sur la crise économique, l’immigration de masse, la libanisation de la nation, etc. L’intelligence collective est partout palpable sur l’Internet ; elle doit se fédérer pour gagner la guerre des idées et secourir la nation gravement abîmée.
Contre les faux gentils
Depuis des décennies, la gnangnanterie tient lieu d’argumentaire pour la pensée obligée. Elle a causé des ravages dans les rangs des « élites » et de leurs perroquets. C’est contre cette «république des faux gentils », dénoncée par votre serviteur en 2004, que les Français furieux doivent redoubler leurs assauts. Participer à des rassemblements, sur le terrain, fait mesurer l’acuité des analyses des citoyens confrontés aux désastres produits par cinquante ans de déconstructions. Les discours émotionnels dictés par la compassion, l’apaisement, la concorde, la pleurnicherie, la bienveillance, et plus généralement par la tyrannie des bons sentiments (3) sont des œillères qui endorment les cerveaux. Ces carcans interdisent l’esprit critique. Les partis politiques, motivés par la seule survie de leurs petits commerces subventionnés, sont les premiers à craindre de fâcher le Système qui les nourrit. Emmanuel Macron a raison quand il dit que les partis sont devenus « des amicales de boulistes dans lesquelles il n’y a plus ni amitiés ni boules ». La France insoumise doit imposer sa parole libérée.
Actuellement, défendre la nécessité de suspendre l’immigration, de maîtriser le droit d’asile, de rétablir des frontières, de supprimer le droit du sol, d’en finir avec le regroupement familial, de refuser la charia, d’expulser des indésirables, n’est pas loin de relever du délit d’opinion. Or ces sujets sont débattus par les gens, au-delà des querelles entre les droites à la ramasse. Ces questions méritent d’être approfondies, sur les réseaux sociaux autant que dans les réunions publiques. Des réponses concrètes, réfléchies, raisonnables sont déjà là. Il suffirait aux politiques de s’en inspirer. Ce n’est pourtant pas la pente des responsables présumés « éclairés » qui ne voient d’adversaires qu’au FN, coupable de se faire l’écho, plus ou moins fidèle, de ces inquiétudes. L’angélisme sur le totalitarisme islamiste est tel, que Juppé, favori de la primaire à droite, en appelle à « calmer le jeu » plutôt qu’à résister (voir mon blog). « Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile », prévient-il, laissant percevoir son ouverture aux concessions avec l’islam politique, pour prix de la paix civile. Cette irréflexion annonce la capitulation.
Contre la liberté de penser
Le politiquement correct, bête noire de Trump, est le mur que les Français doivent abattre en passant par-dessus les partis éthérés. Une tentation totalitaire parcourt la classe dominante, incapable de supporter la contradiction. La ministre des Familles, Laurence Rossignol, envisage ainsi de poursuivre pour « entrave numérique » les sites qui proposent simplement des informations alternatives aux processus d’avortements encouragés par l’État. La liberté de penser effraie les idéologues qui s’accrochent au pouvoir.
Du balai !
IVAN RIOUFOL
(1) « Qui est vraiment Donald Trump ? » Équateur. (2) « Le Crépuscule de la France d’en haut », Flammarion. (3) « Contre la bienveillance », d’Yves Michaud, Stock.
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IVAN RIOUFOL pour LE FIGARO
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